Entre l’Algérie et Madagascar, les liens se sont tissés et raffermis durant la deuxième république, entretenus par l’amitié révolutionnaire nouée entre les présidents Ratsiraka et Boumédienne. Puis ils se sont distendus et sont devenus protocolaires. Mais les Malgaches suivent toujours l’évolution de ce pays frère et l’actualité récente ne les laisse pas indifférents. Les Algériens veulent tourner une page de leur histoire, en refusant de voir Bouteflika briguer un cinquième mandat.
L’Algérie à un tournant de son histoire
Ce n’est pas une insurrection, mais un mouvement populaire spontané. Les Algériens ne veulent plus d’un système qui les étouffe et qui les empêche de vivre une vraie démocratie. Le dépôt de candidature du vieux président, loin de calmer la contestation, n’a fait que l’attiser. La grève générale qui a été lancée hier et qui a été très suivie montre que le clan au pouvoir ne pourra pas calmer le mouvement. Pour calmer le jeu, ce dernier a décidé d’avancer les vacances des étudiants et même de les prolonger. En fait, ce sont les jeunes qui rejettent avec force le mode de gouvernement du clan au pouvoir. Abdelaziz Bouteflika est une véritable icône de la révolution algérienne. Mais, c’est aujourd’hui un patriarche affaibli par la maladie. Il n’est plus que l’ombre du grand dirigeant d’antan. Ses deux frères sont les véritables patrons du système mis en place. Actuellement, le vent du changement est en train de souffler. On est au XXIème siècle et il n’est plus possible d’imposer un pouvoir hermétique. On ne peut plus réprimer les mouvements populaires. La tentation de la répression pourra gagner le pouvoir, mais le résultat serait pire que la solution trouvée. Ce dernier essaie donc de manœuvrer, mais la soif de démocratie est trop forte pour être étouffée. L’Algérie est à un tournant de son histoire et elle ne doit pas marcher en reculant , mais aller de l’avant.
Patrice RABE