Avec la disparition de Manandafy Rakotonirina, c’est une page de l’histoire malgache qui vient de se tourner. Il fait partie de cette génération d’hommes politiques qui a marqué le dernier quart du XXe siècle. Il faisait partie de cette cohorte de personnalités qui constituait l’épine dorsale de la deuxième République. Il était l’un des seuls survivants de cette époque aux côtés de Didier Ratsiraka. Il était devenu l’un de ces sages que l’on consultait pour avoir une vision claire de la situation politique. Les hommages qui viennent de tous les horizons témoignent du respect qu’il inspirait et montrent qu’il continuera à servir d’exemple aux jeunes dirigeants actuels.
Disparition d’un des géants du monde politique malgache
De Manandafy, on gardera l’image d’un animal politique. C’était un intellectuel à l’immense culture. Il faisait partie de ces sociologues révolutionnaires nourris aux idées des grands leaders tiers-mondistes. Nous nous souvenons de son attitude très critique vis-à-vis du régime du général Ramanantsoa. Il a salué l’avènement de la deuxième République dont il deviendra l’un des barons. Il fait partie du FNDR ou Front National de la Révolution et devient CSR aux côtés d’autres grandes figures comme Richard Andriamanjato, Marojama Jérôme ou Solo Norbert Randriamorasata. A la fin des années 80, il se convertit au libéralisme économique. Il est candidat à l’élection présidentielle de 89 face à Didier Ratsiraka. Il devient l’un des leaders du mouvement populaire de 1991, mais il se sépare très vite des « Hery velona ». Durant la présidence de Zafy Albert, il est un observateur lucide de la situation politique. Le retour au pouvoir de Didier Ratsiraka en 1996 le laisse de marbre. Mais l’accession de Marc Ravalomanana en 2002 le ramène dans le cercle du pouvoir. Le coup d’Etat de 2009 ne l’éloigne de l’ancien président. Il lui reste fidèle et en subit les conséquences. Le retour à l’ordre constitutionnel en 2013 lui donne l’occasion de se rapprocher du nouveau régime. On le considère comme un sage. Sa disparition, aujourd’hui, laisse un grand vide dans le monde politique malgache.
Patrice RABE