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mardi, mai 13, 2025
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Musique : Masy et le »marovany», une histoire d’enfance

Masy, la légendaire joueuse de «marovany» de Toliara.

Dans la ville de Toliara, joyau du sud de Madagascar habite Masy, une des rares femmes à jouer du «marovany» à Madagascar. Une légende, un patrimoine musical.

Musicienne émérite a à peine 12 ans, Germaine Zoiny est une des patrimoines vivants de la ville de Toliara et de Madagascar. Quand elle se met derrière son «marovany», « un instrument traditionnel », tient-elle toujours à préciser, sonne alors le jeu humble mais limpide de Masy. Elle fait sans doute partie du cercle très fermé des femmes joueuses de cet instrument à Madagascar. Malgré son âge avancé, « je suis née vers 1948, comme vous savez, les parents de l’époque ne savait ni lire ni écrire », Masy continue de créer ses propres morceaux.

« C’est dans le village de Mihary, un bled à quelques encablures de Toliara, que la jeune Germaine Zoiny est née. Dans une famille comme les autres, sans aucun lignage de musicien. Cependant, elle ignorait qu’elle avait eu un don. « Durant mes années à l’école publique, durant les récréations, je me précipitai chez un vieil homme joueur de «marovany», il s’appelait Kolokolo. Il me laissait jouer et c’est de là qu’a commencé ma passion pour la musique ».

La musique se fait en famille avec Masy.

Génie fonceuse. Avec quelques conseils de base en poche, son talent évolue avec la facilité d’un génie. « Le vieil homme s’étonnait de mon évolution ». L’aisance avec laquelle elle s’adapte aux styles musicaux Mahafaly, Antandroy, Masikoro… commence à générer sa renommée. Dès son jeune âge, elle se retrouve au milieu de la foule lors de cérémonie traditionnelle. Jouant comme un professionnel, il faut dire que Masy n’est pas du genre à reculer. Dans tout Toliara et même ailleurs, son talent est reconnu. Ce succès, loi de l’image paillettes et récompenses médiatiques, prend surtout une forme de respect.

A tel point que la musique de Masy atterrit dans les oreilles des connaisseurs. A plusieurs centaines de kilomètres plus au sud, à Antananarivo la capitale du pays, des artistes comme Olombelo Ricky, Rossy ou Dama, selon ses propos, sont impressionnés par le charisme de Germaine Zoiny. Au-delà de son jeu qui laisse peu de place à l’improvisation, mais surtout des mélodies communicatives, elle est aussi une personnalité. Entre elle et ses artistes naissent des collaborations. Rien qu’en écoutant, « Homba aia ty hombako », sur lequel elle jette toute son amertume, on cerne la personne. « Parfois je me demande où j’irai quand le blues m’atteint, c’est comme ça qu’est né ce morceau », relate t-elle.

Le dernier morceau qu’elle a créé s’intitule « Mamolava », traduit par ivrogne. On en aurait des dizaines actuellement. « Celui qui adore la beuverie gagne ou perd au final ? », se demande t-elle. Elle a bien raison, entre le plaisir inhibiteur et le portefeuille, la frontière est mince. Cela fait maintenant plus de soixante ans que Masy joue du «marovany». A 70 ans, elle s’occupe de sa famille comme si elle avait encore la force de ses 20 ans. C’est elle qui va au « bazar » le matin, elle gère sa petite tribu en matriarche.

Maminirina Rado

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