Au début, il y a la rencontre entre deux étudiants Manandafy Rakotonirina et Germain Rakotonirainy devenus alter ego, sur les bancs de l’Université vers les années 65 avec comme même percepteur un certain Gérard Althabe de 1965 à 1970. Anthropologue et sociologue, il apparut comme celui qui a influencé le plus, le devenir politique de ce qu’on surnommera plus tard Koto et Lynx. … « la puissante influence, directe, qu’il a eue sur le parti MFM (Mpitolona ho an’ny Fanjakanan’ny Madinika,)Mouvement pour l’avènement du pouvoir prolétarien de Manandafy Rakotonirina, Germain Rakotonirainy et bien d’autres ; toute une génération, les mouvement sociaux lui doivent énormément… » dira Janine Ramamonjisoa, une condisciple « de ce français, pas comme les autres… Ce regard sur le pouvoir, une dénonciation du mode de fonctionnement de la violence étatique néocoloniale, une confirmation de la nature oppressive de ce pouvoir d’État », précise-t-elle. Confrontée à la réalité malgache, l’analyse théorique ne pouvait que se traduire en action. Dès 1970, Ils vont parcourir tous les lycées de l’île pour professer une nouvelle discipline les « Sciences sociales », une analyse critique de la société et partant du pouvoir néocolonial. En 1971, soupçonné d’être de connivence avec Monja Joana, son autre mentor, d’être l’instigateur de la « jacquerie » (révolte paysanne) dans le Sud malgache, Koto connaîtra son premier emprisonnement qui ne sera que le prélude à une longue série de séquestrations et d’humiliations. Puis est venu, mai 1972, la chute de la première République où le contexte a changé, où la force de contestation qu’est le MFM devient une force de proposition, un vrai parti politique. A Koto la communication et la mobilisation, il semble, et à Lynx la pratique. Les mots d’ordres comme les termes chocs ont pullulé comme « Le Français hors de Diégo !, Accords de coopération = Dinan’ ny fanandevozana ! Herim-pamoretana ; Tremalahy, Fanagasiana ! Fanjakan’ny madinika ! Tsy maintsy mandresy ny tolona ! Quatre mi ! et tant d’autres qui sont devenus familiers dans le vocabulaire quotidien. Toujours est-il que malgré la force de frappe appuyée par l’appareil d’Etat de la 2nd République, le MFM connaît une forte implantation territoriale avec le réseau d’enseignants de tous niveaux et aura même son apogée, où malgré le rapport de force potentielle, Manandafy va ravir 20% des voix contre 80% pour Ratsiraka à la présidentielle de 1989. Puis, ce fut la décadence des idéologies nées de la division guerre froide et Manandafy a dû se délester de son socialisme pour embrasser un libéralisme qu’unanimement tout le monde a convenu, en arguant que la population dans sa majorité, n’ayant pas connu ni la colonisation ni la néo -colonisation revendique une démocratisation politique, une stabilisation politique ainsi qu’une libéralisation économique, mais peut-être dans son for intérieur est-ce dû à la perte de son alter ego en 2004 ? Sûr, que le parti avec sa structure chavire avec la perte des deux pères fondateurs, mais néanmoins avec les rouges-experts, comme structure dormante maintient non le parti mais une culture « mafana » encore vivace dans beaucoup d’esprits.
M.Ranarivao