
Lors de la Semaine africaine du Climat qui s’est tenue du 18 au 22 mars dernier, à Accra au Ghana, 45 Organisations de la Société civile (OSC) œuvrant dans le domaine de l’Agro écologie, ont effectué un plaidoyer pour placer celle-ci au cœur de l’action climatique. Elles ont ainsi faite une déclaration dont l’essentiel se trouve ici.
Partant du fait que le continent africain dans son ensemble contribue peu à la crise climatique, notamment au réchauffement, ces « OSC » estiment ainsi que les décideurs africains devraient adopter un langage plus « commun » dans leur politique climatique. Une politique qui idéalement devrait mettre l’emphase sur l’adaptation aux changements climatiques, notamment par l’abandon progressif de l’agriculture intensive et industrielle pour une transition vers l’agro écologie qui constitue selon eux, un mode d’adaptation par excellence aux changements climatiques. Cela permettrait, selon eux, une protection plus effective des citoyens et de la biodiversité. Ils ont également exhorté les gouvernements des pays industrialisés à revoir à la hausse l’octroi et le montant de leur financement climatique. Philip Jakpor, Responsable des médias et des campagnes, auprès de l’Action pour les droits environnementaux / Amis de la Terre au Nigeria (ERA / FoEN) d’expliquer : « Depuis le début de la Semaine africaine du climat, nous sommes témoins de la manière dont les associations commerciales de l’industrie des combustibles fossiles et leurs alliés ont essayé de détourner les discussions des solutions réelles. Nous soutenons les agriculteurs et autres groupes qui défendent l’agro écologie au lieu d’une agriculture industrielle qui contribue au changement climatique. »
Principales demandes. Ces 45 « OSC » signataires ont ainsi demandé à ce que la priorité soit donnée à l’agro écologie dans la transformation de l’agriculture industrielle. Celle-ci est effectivement une solution à la fois alternative, efficace et basée sur la nature de surcroît ; à même de concilier viabilité commerciale, santé des consommateurs et la protection de la planète. Dans les Conventions nationales déterminées, le financement et l’importance accordée aux mesures d’adaptation devraient être revues à la hausse pour une mise en œuvre effective des plans nationaux d’adaptation du continent, duquel l’agriculture est d’ailleurs le socle. Par ailleurs, ces « OSC » en faveur de l’agro écologie ont aussi plaidé pour l’application effective des lois environnementales existantes, afin de casser ce rythme effrayant de dégradation de l’environnement. Elles n’ont pas non plus omis de soulever la dimension genre importante incluse dans la lutte contre les changements climatiques, notamment quand il est question d’agro écologie. Elles proposent ainsi de : « soutenir les agricultrices à l’aide d’innovations et des technologies moins exigeantes en main-d’œuvre, qui permettraient ainsi de réduire le fardeau des soins non rémunérés fournis aux femmes et aux filles, tout en contribuant également à la réduction du changement climatique. ». Des budgets plus conséquents alloués au financement des contributions des femmes dans la lutte contre les changements climatiques, étant donné que les femmes et les enfants en sont davantage touchés que les hommes. Autre point important à signaler, les « OSC » ont osé écrire noir sur blanc qu’il faut « défier » et aller au-delà du mercantilisme dans la lutte contre le changement climatique. Elles considèrent en effet que ces démarches mercantiles comme le « marché carbone » qui a récemment montré ses failles autant dans la reforestation que dans la séquestration de carbone, etc.
Equilibre. En gros, ces « OSC » ont, durant la semaine africaine du climat, cherché à inciter les gouvernements à fournir un financement climat plus conséquent et dans l’utilisation de ce financement, elles pensent qu’il serait plus judicieux de combiner la nécessité de se consacrer davantage aux mesures d’adaptation tout en cherchant l’équilibre entre celle-ci et les mécanismes d’atténuation. Labram Musah, de l’ « OSC Vision » pour le développement alternatif, du Ghana de rajouter, en faveur de l’agro écologie : « La lutte contre le changement climatique s’inscrit dans le cadre de mécanismes non commerciaux et d’initiatives favorables aux citoyens. L’agro écologie ne s’attaquera pas seulement au changement climatique, elle garantira également la protection des moyens de subsistance locaux ».
Luz Razafimbelo