Le gouvernement peut souffler en attendant le prochain coup de semonce. Même si les signatures de 109 députés n’ont pas été dévoilées, les bruits qui ont circulé ont fait trembler le gouvernement. Le Premier ministre et ses ministres n’ont pu faire autrement que de venir en force rassurer les députés de leur disposition à écouter leurs doléances. Avec cent neuf signatures, en effet, autrement dit plus des deux tiers de l’Assemblée, les députés constituent une grave menace. Ils peuvent déposer une motion de censure et renverser le gouvernement. Ils peuvent même aller plus loin mais encore faut-il qu’ils aient de bons arguments. Ils ne s’intéressent encore qu’à leurs avantages, privilèges et indemnités. Leur combat a rapidement abouti à faire fléchir le gouvernement sur l’état de leurs salaires et de leurs indemnités. En attendant, les voitures de fonction que ne peut absorber le budget de l’Etat pour le moment. Le gouvernement Kolo Roger s’en sort sans casse mais il devra se méfier de cette assemblée nationale et de ses membres solidaires lorsqu’il s’agit des intérêts communs.
Au dessus de la mêlée
Le président de la République qui tend les bras à toutes les forces politiques est conscient du dégât qui pourrait en résulter si le gouvernement qui vient juste d’être formé est démissionné par une motion de censure. Il estime qu’il faut d’abord laisser le gouvernement faire ses preuves avant de le juger. Mais le président de la République a certainement remarqué face à la forte pression des députés que l’absence de députés HVM est une lacune profonde. Il faudra à ce parti trouver les députés fidèles à sa cause pour constituer un groupe parlementaire. Ce qui n’est pas évident lorsque les députés ne veulent être soumis qu’à leurs intérêts propres et communs. Quoi qu’il en soit, en choisissant de ne pas prendre de parti pris politique et idéologique, le président de la République se place au- dessus de la mêlée. La composition du gouvernement reflète cette volonté de rassemblement et d’inclusion. Mais comment avoir la stabilité politique indispensable pour le développement lorsque l’Exécutif est à la merci des députés qui ne pensent en priorité qu’à leurs avantages ? Cette fois encore, le Premier ministre a tout fait pour calmer les députés. Mais une prochaine semonce est à craindre si les députés ne se contentent pas ce qu’ils ont gagné. Ils agissent ensemble en opposants au point qu’une motion de censure peut toujours être déposée au moment où on s’y attend le moins. La vraie opposition, celle officielle que l’Assemblée souhaite pour la démocratie n’existe pas encore. Aucun élu ne veut le poste de chef de l’opposition au sein de l’hémicycle. Ceux qui font des pieds et des mains pour avoir le poste sont issus de petits partis qui n’ont rien prouvé encore sur le terrain électoral. Mais les députés savent-ils que leur jeu peut se retourner contre eux ? Le Président de la République a le pouvoir de dissoudre l’Assemblée au moment de son choix et d’avancer vers de nouvelles législatives pour gagner la stabilité.
Zo Rakotoseheno