La défiance des Malgaches envers le monde politique est réelle. En fait le phénomène ne nous est pas propre et il existe dans beaucoup d‘autres pays.. Mais plusieurs années de mauvaises pratiques de nos hommes politiques ont accru la méfiance des citoyens envers eux. Le taux d’abstention lors de la dernière élection présidentielle est un signe qui ne trompe pas et cela ne va pas aller en s’arrangeant lors des prochaines consultations électorales. Le spectacle offert par les candidats de l’élection législative du 27 mai prochain est susceptible de décourager encore plus les électeurs d’aller voter. Une page a été tournée lors du dernier scrutin présidentiel qui a été cité en exemple sur le continent africain et le processus électoral doit continuer. Il peine cependant à se mettre en place. Les règles qui ont été instituées sont allègrement bafouées par de nombreux candidats. La précampagne s’est transformée en propagande et les rappels à l’ordre de la CENI et de la HCC sont totalement ignorés. Le changement espéré par tous est très loin de s’opérer. Les manœuvres politiques continuent et si l’on pensait qu’elles allaient disparaître, on ne peut que déchanter. Le sénat est le théâtre de ces combines que l’on croyait appartenir au passé. La tentative de destitution de son président est en cours, mais ce dernier n’entend pas laisser ses initiateurs arriver à leur fin. Le régime, quant à lui, mène tant bien que mal sa politique de changement. La série des limogeages et des remplacements dans les ministères continue, mais ces nominations engendrent des sarcasmes de la part des citoyens qui attendent de voir les résultats de ces changements .Les critiques continuent de fuser un peu partout, les projets ambitieux de l’IEM tardant à se mettre en place.
Cette semaine a été marquée sur le plan international par cet incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris qui a touché des millions de personnes à travers le monde. Cette tragédie a été vécue en direct par les Français qui ont vu un symbole de leur patrimoine fortement endommagé. Le sentiment de déchirement a été aussi important que lors de l’attentat du World Trade Center en 2001. La France a retrouvé son unité lors de ce drame. Le président Macron a été le fédérateur de cette immense émotion qui a étreint les citoyens de l’hexagone. Le discours qu’il devait prononcer après le grand débat a été reporté. Le problème des gilets jaunes est pour le moment écarté, mais il va très vite revenir sur le devant de la scène.
Aux Etats-Unis, le rapport du procureur spécial Robert Mueller sur les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne du président américain et la Russie est loin d’avoir totalement blanchi le locataire de la maison blanche. Ce dernier avait pourtant annoncé triomphalement qu’il n’y avait aucune preuve dans la synthèse de quatre pages présentée à la presse, mais le rapport dans son intégralité ne lui est pas favorable du tout. Et les Démocrates vont bientôt le décortiquer.
En Algérie, la neuvième manifestation contre le pouvoir en place a rassemblé hier des milliers de personnes. Les slogans étaient toujours les mêmes :« nous voulons qu’ils partent tous », « pas de régime de transition ». Des heurts se sont produits entre manifestants et force de l’ordre, faisant des blessés.
Au Soudan, la contestation prend de plus en plus d’ampleur. Hier, des milliers de manifestants ont convergé vers le QG de l’armée pour maintenir la pression sur le conseil militaire de transition. Le but est d’obliger ce dernier à remettre le pouvoir aux civils.
Le chemin vers une véritable démocratie est tortueux. L’étape de l‘élection législative ne se franchira pas aussi facilement que prévu car les mauvaises pratiques sont toujours présentes. Le défi qui se pose à la CENI est difficile à relever, mais elle doit continuer dans la voie qu’elle a empruntée, celle d’une élection crédible et transparente.
Patrice RABE