
La biodiversité unique de Madagascar est en danger. Ce n’est certainement pas la première fois qu’on entend cette affirmation. Pourtant, l’urgence de la situation est palpable. Cinq années pour agir, c’est tout ce qui nous reste.
«La destruction de la biodiversité malgache profite à peu de personnes qui tirent profit du trafic de bois de rose, de l’exploitation minière illégale dans les aires protégées ou du commerce interdit d’espèces telles que nos tortues en danger critique. Cependant, les coûts sont généralisés et touchent tous les Malgaches ». Ce sont les propos du docteur Herizo Andrianandrasana – écologiste et philosophe – qui résument la situation réelle quant à l’injustice et la cruauté autour de la dégradation des ressources naturelles dans la Grande Île. Cette dernière est pourtant un « hotspot » de la biodiversité mondiale. Raison pour laquelle des scientifiques de par le monde unissent leur force pour tirer la sonnette d’alarme. Pour une lecture plus simplifiée, si l’on en croit aux dires de ces scientifiques, « il nous faut intervenir sur cinq axes en cinq ans avant que la situation ne soit irréversible ». Une urgence confirmée par le Professeur Jonah Ratsimbazafy. « Le temps est venu d’agir, il n’est pas trop tard pour changer la donne à Madagascar. Mais ce le sera bientôt » a-t-il interpellé.
Corollaires. Madagascar devrait investir de manière efficace dans les aires protégés. Un objectif qui ne saurait être atteint s’il n’y a pas de « renforcement du droit des populations locales sur les ressources naturelles ». Ces deux points sont interdépendants dans la mesure où Madagascar est l’un des pays les plus pauvres de la planète. La conservation devrait donc contribuer aux efforts nationaux visant le développement économique, et non les nuire. Elle ne devrait pas aggraver la situation de la frange « pauvres » de la population – généralement situé dans le milieu rural et – qui est souvent marginalisée dans le processus de prise de décision. Les deux axes permettront plus facilement de garantir le développement de nouvelles infrastructures afin de limiter les impacts sur la biodiversité. Les autres points concernent particulièrement la Gouvernance. Entre autres, la lutte contre la criminalité environnementale et l’investissement dans des efforts de restauration majeurs qui s’attaqueront au problème de crise croissante du bois de feu dans le pays. L’urgence est là et les innombrables pertes en termes de biodiversité l’attestent (des milliers d’hectares de forêts sont consumées par les feux de brousse chaque année). La situation est d’autant plus critique dans la mesure où l’appréhension collective veut que » la sauvegarde de l’environnement rime à des plans d’action qui ne verront jamais le jour « .
José Belalahy