Un frein aux activités économiques productives ! C’est ainsi que les petites et moyennes entreprises (PME) perçoivent l’instruction n°02372 de la BFM (Banque Centrale de Madagascar) sur le Marché Interbancaire de Devises (MID). « Nous étions surpris lorsque notre banque, la BNI Madagascar, a envoyé une notification indiquant que, le seuil des opérations de change pouvant passer sur le MID a été modifié à 50.000USD. Ce seuil était pourtant à 4.000Euros auparavant. Il y a quelques années, il était même à l’équivalent de 10 millions Ariary. D’après la communication de la banque, cette décision date de septembre 2017, mais n’a donc été appliquée qu’à partir du 1er mai 2019. Etant une PME, nos transactions avec les clients étrangers s’élèvent chaque fois autour de 5000 Euros. Aujourd’hui, avec cette mesure, nous sommes obligés de nous plier aux conditions de la banque qui prend des marges colossales allant jusqu’à 200Ariary par unité monétaire, par rapport au cours sur le MID. Si nous recouvrons 5000Euros, on perd donc 1.000.000Ariary à cause de cette nouvelle mesure. C’est beaucoup d’argent pour nous PME », a confié un opérateur économique qui œuvre dans le secteur des services externalisés.
Maximisation des gains. Il faut croire que cette situation arrange également les banques primaires, qui gagnent beaucoup sur les ordres de virement avec les taux de changes qu’elles affichent. « On ne peut plus faire une vente au comptant sur le MID et on doit donc se plier au taux imposé par la banque, qui s’éloigne beaucoup de celui du MID. Pour nous, cette politique de la Banque Centrale ne fait que creuser les inégalités qui favorisent pourtant les crises, comme nous le savons tous. Seules les grandes entreprises qui font de grandes transactions peuvent donc opérer sur le MID et les plus petites sont condamnées à perdre plus de 5% de leurs recettes. N’oublions pas que 90% des entreprises à Madagascar sont des PME et leurs fondateurs sont presque tous des Malagasy. Si la politique monétaire est contre cette majorité, comment pouvons-nous penser devenir une économie émergente ? », a fustigé l’opérateur mécontent. Bref, comme toujours, les grands opérateurs sont privilégiés par l’Etat.
Antsa R.