
Le « Sehatra Fanaraha-maso ny Fiainam-pirenena » propose la suppression de la Haute Cour de Justice.
« Une Justice limitée aux effets d’annonce ». C’est ainsi que le « Sehatra Fanaraha-maso ny Fiainam-pirenena » (SEFAFI) considère l’arrestation de Hugues Ratsiferana, Directeur de l’Agence Malagasy de Développement économique et de Promotion des entreprises (AMDP) qui a pourtant été pris en flagrant délit d’avoir transporté vers son domicile à Ampasanimalo des matériels de bureaux, des matériels informatiques et des mobiliers appartenant à l’Etat ; l’arrestation et le placement sous mandat de dépôt de l’opérateur économique Mbola Rajaonah pour fraudes fiscales et blanchiment d’argent ; le retour à la prison d’Antanimora de Claudine Razaimamonjy et l’arrestation d’Eddy Maminirina alias Eddy Bois de rose qui a pourtant fait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis belle lurette pour son implication dans des trafics de bois de rose. Le cas de ce dernier faisait même l’objet d’un communiqué des autorités américaines. Dans un communiqué en date du 4 mai dernier, le SEFAFI évoque aussi le placement sous mandat de dépôt de l’-ex-DG des Domaines avec deux autres agents des Services fonciers pour leur implication dans la vente de la Villa Elisabeth.
« Effet d’annonce ». « Ceci étant, il faut espérer que ces inculpations et arrestations ne relèvent pas d’un simple effet d’annonce et ne soient pas motivées par des mobiles politiques… », soutient le communiqué. Apparemment, les membres du « Sehatra Fanaraha-maso ny Fiainam-pirenena » ne sont pas encore convaincus et/ou remettent en cause la volonté du régime actuel à lutter contre l’impunité et à mettre fin aux trafics et détournements de tout genre. Les engagements du président Andry Rajoelina de faire de la restauration de l’Etat de droit son cheval de bataille, sont apparemment considérés comme un effet d’annonce ou de la démagogie (c’est selon). Par ailleurs, l’indépendance et l’intégrité de la Justice sont également remises en cause. Et ce, même si les auteurs du communiqué évoquent eux-mêmes les étapes franchies pour la mise en place effective des différentes juridictions telles que le Pôle Anti-Corruption, la Chaine spéciale de lutte contre les trafics de bois de rose et des bois d’ébène… Des étapes primordiales pour l’instauration de l’Etat de droit.
Crédibilité. Même considération pour la Haute Cour de Justice (HCJ) que le SEFAFI remet en cause la crédibilité et l’utilité même. « Dans le cadre d’une future révision constitutionnelle, il serait normale et démocratique de supprimer purement et simplement la HCJ », évoque le communiqué. En effet, le « Sehatra Fanaraha-maso ny Fiainam-pirenena » dénonce la lenteur de l’installation de cette Juridiction et la complication des procédures de saisine. Et de soutenir au passage que « Nul ne conteste que, de par sa nature à la fois juridique et politique, la HCJ ne saurait obéir aux procédures de droit commun. Cependant, pour parvenir à une mise en accusation, les innombrables filtres auxquels sont soumises les requêtes se transforment en autant d’opportunités de blocage pour les courtisans zélés ou pour ceux qui, étant encore au pouvoir, veillent à leur impunité ». Face à tous ces lacunes et estimant que les prisons sont faites uniquement pour les « pauvres », le SEFAFI dénonce « une Justice à deux vitesses » dont l’une pour les dirigeants et l’autre pour le commun des citoyens.
Sous l’ère HVM. Pour certains observateurs, le SEFAFI a sorti ce communiqué uniquement pour attirer l’attention et pour marquer sa présence, notamment en cette période de début de campagne électorale pour les élections législatives. Parler pour ne rien dire en quelque sorte puisque nul n’ignore que tous les dossiers évoqués dans ce communiqué ne datent pas d’hier. Pour ne citer que le cas de la HCJ dont la mise en place effective a été faite vers la fin du mois de mai 2018, sous l’ère Rajaonarimampianina. La question est donc de savoir pourquoi l’Observatoire de la Vie Publique ne réagit qu’aujourd’hui, c’est-à-dire un an après ? L’on se demande aussi si les membres de cette organisation de la Société civile ignorent que les dossiers Claudine Razaimamonjy, Mbola Rajaonah et Eddy Bois de rose n’ont pas été initiés par le régime actuel mais sous l’ère HVM.
Cheval de bataille. Le régime Rajoelina, faisant de la lutte contre l’impunité son cheval de bataille, n’a fait que donner le champ libre au Bureau Indépendant Anti-Corruption pour étouffer les investigations et mettre en application les mandats d’arrêts lancés à l’encontre de tous les responsables étatiques impliqués dans des affaires de détournement et/ou de corruption. C’est pourquoi l’arrestation suivi du placement sous mandat de dépôt du Sénateur Berthin Andriamihaingo et de l’ancien DG des Domaines Hasimpirenena Rasolomampionona. Deux personnalités connues comme étant proches du parti « Miaraka Amin’i Prezida Andry Rajoelina ». D’après les informations, de nombreux autres dossiers de corruption et de détournements impliquant des hauts dirigeants seraient encore en cours de traitement du côté d’Ambohibao. Reste à savoir si le SEFAFI qui s’est toujours montré très critique envers tous les régimes qui se sont succédés va enfin soutenir les actions du gouvernement pour apporter sa contribution dans l’instauration de l’Etat de droit, ou bien il entend respecter sa ligne de conduite pour continuer à se faire… remarquer.
Davis R