Le basculement vers la biométrie se concrétise. Cette fois, cela touche les listes électorales.
Hier à Nanisana, un cadre de concertation y afférent a eu lieu avec la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) et les représentants de Veridos. Veridos, c’est quoi ? C’est un organisme rattaché au gouvernement allemand, expert en données biométriques et qui va appuyer Madagascar dans ce basculement vers le système biométrique des listes électorales. D’après les informations fournies, cela va durer de six mois à un an et tous les Fokontany de Madagascar, actuellement au nombre de 18 251, en bénéficieront. L’objectif, selon Hery Rakotomanana, le président de la Ceni, est de « garantir la transparence des listes électorales étant un sujet sensible du processus électoral suite aux critiques dont a fait l’objet la Ceni, notamment, lors de la dernière élection présidentielle ».
« Clé en main ». La biométrisation de la liste électorale, comme l’avait indiqué le président de la Ceni, ne sera ni à la charge de la Ceni ni de l’Etat Malgache . « Ce sera une clé en main. Et il nous incombera, à la Ceni et à Veridos, de chercher les financements nécessaires », a-t-il précisé. En effet, Veridos aurait déjà effectué des études y afférentes, et l’installation du système lui reviendra. Puis, il accompagnera le processus, avec l’appui du gouvernement allemand, selon toujours les dires de Hery Rakotomanana. Mais rappelons-le, la biométrie est loin d’être abordable surtout pour un pays vaste et dont la plupart des dix millions d’électeurs se heurtent aux problèmes d’état civil. Ce financement cité par le président de la Ceni sera entrepris par le privé ? Et quelle en sera la contrepartie ? Parce qu’actuellement, aucun détail n’est fourni.
Empreintes digitales. A titre de rappel, une donnée biométrique en rapport avec le fichier électoral doit contenir, au moins, les informations comprises dans le système alphanumérique actuel, en l’occurrence, l’état civil de l’électeur, son origine et le lieu dans lequel il vote. Mais ce n’est pas tout. Les normes imposent, bien évidemment, les empreintes digitales des dix doigts de l’électeur. De ce fait, nous nous demandons sur quel fichier électoral la Ceni va travailler dans la mesure où l’actuel fichier n’est pas « toujours » parfait et nonobstant la refonte et les mises à jour apportées, il n’affiche pas totalement l’exhaustivité et l’exactitude prônées par la Ceni.
Gel de la liste électorale. Un autre point mérite d’être soulevé : le gel des listes électorales. Nous ignorons si les données à rendre biométriques seront celles qui sont collectées avant le gel de la liste électorale (lequel commence le 16 Mai et se termine le 30 Novembre), ou celles qui sont mises à jour durant les révisions annuelles de la liste électorale du 1er décembre au 15 février. Et encore faut-il mentionner que le système biométrique doit être encadré juridiquement. « Nous avons deux dimensions. Si nous partons du droit positif actuel, nous essaierons de cadrer le système biométrique selon le contexte actuel. Par exemple, il n’incombera plus au chef de Fokontany d’écrire tous les noms des électeurs dans son Fokontany. Ce sera la machine qui enregistre les données nécessaires, en fonction du délai prescrit par la loi sur le traitement de la liste électorale. Si nous souhaitons modifier le droit positif actuel, nous paramétrons le système biométrique selon les nécessités », conclut Hery Rakotomanana. A suivre.
Aina Bovel