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mardi, juillet 1, 2025
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Lu pour vous : Stephan Narson à vif dans « Réflexions sur Madagascar »

La couverture de « Réflexions sur Madagascar – Clin d’œil sur le Passé et Vision vers le Futur »

Plutôt une confidence qu’une démonstration de lucidité analytique de la vie nationale. Le livre du directeur de recherche Emérite au Laboratoire Univers et Particules du CNRS de Montpellier en physique des Hautes Energies, Stephan Narison, réalise une vue d’ensemble, parsemé de quelques raccourcis : « Réflexions sur Madagascar – Clin d’œil sur le Passé et Vision vers le Futur ». L‘année de sortie n’est pas indiquée. Par contre, cet ouvrage de 132 pages a été imprimé en Pologne.

La mise en avant du parcours intellectuel de l’auteur suffit à faire comprendre qu’il tente ici un exercice plutôt risqué. Puisque s’attaquer à l’histoire revient forcément à évoquer les sujets et personnages sensibles surtout dans un pays comme Madagascar. Et son statut apporte quelque part du poids à ses propos, qu’il le veuille ou non. Il y aura toujours une différence entre le discours d’un simple étudiant, aussi super intelligent soit-il, que les propos presque simplifiés d’un des professeurs les plus respectés du pays.

Osant ainsi en revue le règne des présidents successifs du pays, allant de « Philibert Tsiranana : père de l’Indépendance » jusqu’à la période pré- électorale de 2018. Cette partie du livre où il décrit chaque règne est l’une des plus croustillantes. Sans rien lâcher, avec une incision sans état  d’âme, Stephan Narison révèle le côté obscur. Pour  Philibert Tsiranana, il analyse : « Toutefois, Tsiranana autorise les  Français à garder le contrôle des institutions commerciales et financières et maintenir des bases militaires sur l’île dont celle de Diégo-  Suarez ».

Il poursuit à travers un rapport, presque journalistique, les péripéties de la Grande Île :  meurtre du colonel Ratsimandrava,  procès de Tsiranana, d’André Resampa et d’autres présumés complices. Pour sortir au final au règne de « Didier Ratsiraka : l’amiral Rouge ». De sang ou d’espoir, Stephan Narson revient sur une époque peu connue qu’il qualifie de  marxiste: « Les activités Import-Export sont interdites aux  Français qui ont dû  partir avec leur savoir-faire qui manque au pays ». A en croire cet ouvrage, les parties de jonglages  économiques avec en toile de fond les bulldozers institutionnels mondiaux ont eu raison du règne de Didier Ratsiraka.

Un nouvel homme a incarné la démocratie malgache, Zafy Albert ou « l’homme au chapeau de paille  ». Dans « Réflexions sur Madagascar – Clin d’œil sur le Passé et Vision vers le Futur », il est peu décrit, presque une demi- page consacré au « père de la démocratie ». Le lecteur ressentira plutôt une affinité qu’un manque de matériaux poussant à l’analyse. Comme quoi entre professeur, le respect serait sans doute mutuel.

Une page se tourne, Ratsiraka fait un « come-back » avant d’être éjecté par Marc Ravalomanana. La période politique 2002 et jusqu’en 2018, Stephan Narison en a fait un chapitre. Qu’il a titré « Ere contemporaine et Présidents populistes ». Avec le fondateur de l’empire Tiko, il n’y va pas par quatre chemins en signalant les dérives autoritaires : « Avec cette forte concentration du pouvoir, Ravalomanana élargit son entreprise qui va s’appeler désormais Groupe Tiko. Le groupe bénéficie d’une protection tarifaire (taxe 20 % pour les produits importés identiques à ce qu’il produit : farine, huile, produits laitiers ; exemption de taxe à leurs intrants) et se retrouve en quasi monopole ». En 2009, tout le monde connaît  la suite.

Un soulèvement populaire aboutissant à l’incendie de la Télévision  nationale, parmi les plus modernes en Afrique à l’époque, Stephan Narson rappelle : « Andry Rajoelina : la longue transition ». De 2009 à 2013, le pays sombre dans une crise inévitable. « On assiste à une limitation de la liberté d’expression : intimidations en tout genre, interdictions de manifestations, restrictions à la possibilité de manifester par la construction de la nouvelle Mairie d’Antananarivo de la place historique du 13 mai… procès ou menaces de procès en diffamation comme le cas Raymond Ranjeva… de P. Zakariasy qui a dénoncé le trafic de bois de rose fin 2012… ». Stephan Narson conclut  cette rétrospective par « Rajaonarimampianina, le Mal-Elu »… Tout est dit.

Livre intéressant pour ceux qui veulent trouver des pistes de réflexion sur la vie du pays, que ce soit politique, économique ou social. Intégrant la culture à partir de système de valeurs liées aux sagesses anciennes à retravailler au goût du jour. Un livre à lire d’un trait.

Maminirina Rado

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