Ce n’est pas un fiasco, mais ça lui ressemble beaucoup. Le taux d’abstention d’une élection à Madagascar n’a jamais été aussi bas. La démocratie n’en ressort pas grandie car ceux qui auront été élus l’auront été avec un nombre de voix moindre. Mais l’élection législative est maintenant terminée et l’on verra le résultat qui ressortira des urnes.
Le désintérêt des electeurs pour ce scrutin
Les citoyens malgaches ne se sont pas précipités pour aller voter. Les préaux des écoles qui servent de centres de vote étaient pratiquement déserts durant la journée. Les bureaux de vote n’ont pas connu cette affluence d’électeurs vue lors des autres élections. Cette désaffection tient certainement à la lassitude et au manque de confiance vis-à-vis des candidats. L’élection présidentielle avait suscité beaucoup d’espoir, mais le soufflet est retombé. On ne peut pas parler de désillusion, mais l’usure du pouvoir commence à faire son effet. Les résultats des premiers mois du régime ne sont pas aussi mirifiques qu’on les avait promis. Cela a impacté sur la perception qu’a la population de l’action des dirigeants. Ces élections législatives étaient l’occasion pour le régime de conforter son assise. Mais les citoyens n’ont pas perçu ce vent du changement prôné par Andry Rajoelina durant cette campagne électorale. Les candidats qu’ils ont vu défiler devant eux n’ont pas été, disons-le, à la hauteur de la fonction de député. Les déplacements du chef de l’Etat sur le terrain, bien qu’il se défende de donner un coup de pouce à des candidats de l’IRD, a eu un certain effet auprès de l’opinion. L’idée d’un soutien déguisé s’est très vite propagée. Cela ne peut cependant pas entièrement expliquer le désintérêt des électeurs malgaches pour ce scrutin. La lassitude est réelle. Ils n’ont pas confiance dans le système électoral. Le décompte des voix dans les bureaux de vote, hier soir, s’est déroulé dans une ambiance morose.
Patrice RABE