
A l’allure où évolue la situation, les indépendants seraient à nouveau incontournables à l’Assemblée nationale.
Lors de sa rencontre avec le MEDEF en France, le président de la République Andry Rajoelina a oublié d’évoquer la présence des candidats indépendants dans la course vers l’Assemblée nationale. Il s’est contenté d’affirmer que sa formation politique a gagné la majorité avec 80 députés contre 20 députés pour son concurrent, allusion au TIM de Marc Ravalomanana. Le chef de l’Etat a fait cette annonce alors que même pas la moitié des résultats du scrutin était collectée par la CENI à Alarobia. Ces dernières heures, la situation évolue en faveur des candidats indépendants. Les pronostics sont en train de basculer au détriment de deux formations politiques considérées comme favoris dans cette élection. Dans certaines circonscriptions, des indépendants ont même créé la surprise face aux candidats de l’IRD et du TIM K-25. Dans le district de Sambava, une liste indépendante est en train de remporter les deux sièges de député à pourvoir. De même dans le district d’Ampanihy Ouest, une autre liste indépendante a la forte chance de réaliser un « poa-droa ». Dans d’autres districts, des indépendants contestent les résultats qui auraient été manipulés, selon leurs dires, en leur défaveur. C’est le cas à Maroantsetra, Sakaraha, Bekily et Bealanana. Aujourd’hui, un groupe de candidats indépendants dans le district de Fandriana montent au créneau pour dénoncer des fraudes. A Alarobia, le vice-président de la CENI Thierry Rakotonarivo a été clair et net à l’endroit de ceux qui veulent l’entendre: « La CENI ne donne que les tendances. Elle ne publie pas pour le moment des résultats provisoires. »
Démocratie. Parmi les candidats indépendants qui parviennent à devancer ceux présentés par les partis politiques figurent ceux qui n’ont pas été retenus à l’issue du casting effectué au sein de l’IRD et du TIM K-25. Trois éventualités pourraient alors se produire s’ils seront autorisés par la HCC à siéger à Tsimbazaza. Soit, ils rejoignent leur famille politique en composant avec les élus de cette dernière un groupe parlementaire. Soit, ils forment un tout autre groupe parlementaire s’ils ne veulent pas être liés par la discipline de parti durant leur mandat à l’Assemblée nationale. L’alinéa 3 de l’article 72 de la Constitution dispose d’ailleurs que le député élu sans appartenance à un parti peut adhérer au groupe parlementaire de son choix au sein de l’Assemblée. En tout cas, la domination des indépendants à l’Assemblée nationale constitue un danger pour la stabilité du régime en place. Par contre, le fait pour le président de la République d’avoir derrière lui une majorité parlementaire stable, avec au moins 76 députés, risque de tuer la démocratie à Tsimbazaza. Cette majorité serait toujours tentée de dicter sa loi, même dans des cas où l’intérêt général veut le contraire. La dictature de la majorité est à craindre.
R.Eugène