
Comme prédisait la SeFaFi, la future Assemblée nationale risque d’être composée par des farfelus, des parvenus, des opportunistes et des criminels de grande gueule.
Parmi les 810 candidats qui se sont présentés aux Législatives du 27 mai dernier figurent des personnalités très connues dont certaines avaient une mauvaise réputation qui a terni l’image de l’Assemblée nationale, voire celle de leurs collègues députés. Au vu de la liste de ces candidats, la SeFaFi (Observatoire de la Vie Publique) n’a pas caché ses inquiétudes en affirmant dans sa déclaration en date du 16 avril 2019 que la future Chambre Basse risque d’être composée des « farfelus, des parvenus, des opportunistes et des criminels de grande gueule » qui devraient prendre leur retraite de la scène politique. D’après les tendances des résultats publiées dans le site web de la Commission Electorale Nationale Indépendante, des dinosaures et des vielles têtes de députés dont certains ont déjà fait parler d’eux par des comportements honteux et leur grande gueule tentent de revenir à Tsimbazaza. Dans le district d’Ankazoabo Sud, région d’Atsimo Andrefana, Mara Niarisy, qui a fait l’objet d’une commission d’enquête parlementaire en novembre 2015 pour son implication dans une affaire de vol de bœufs, s’est présenté pour la énième fois à sa propre succession. Mais, les tendances des résultats affichées par la CENI ne lui sont pas favorables. Mara Niarisy n’a recueilli que 7,6% des suffrages contre 67,52% pour le candidat de l’IRD.
En tête. Par contre, Voninahitsy Jean Eugène, président national du parti RPSD Vaovao et député de Maintirano pendant plusieurs mandats, est en passe d’être élu député du district de Morafenobe, ancienne circonscription de sa femme. Selon les tendances des résultats publiées par la commission électorale, Voninahitsy Jean Eugène est en tête avec 25,10% des suffrages contre 22,08% pour le candidat de l’IRD qui se trouve en seconde position. Sauf revirement de la situation, l’ancien homme fort de Melaky qui s’est éclipsé de la scène politique durant le mandat de Hery Rajaonarimampianina fera donc son retour à Tsimbazaza. La situation n’est pas pourtant favorable à Soja Jean André dit Kaleta, un autre dinosaure politique du pays. Ayant déjà été élu député d’Amboasary Sud et puis sénateur de Madagascar, ce fondateur du parti « Liaraike » présenté cette fois-ci par la plateforme du président de la République est en train de perdre les Législatives dans sa circonscription face à la députée sortante Angele Solange qui caracole en tête avec 47,97% des voix.
Retournement de veste. Par ailleurs, Rémi dit Jao Jean a battu le record de longévité à l’Assemblée nationale en tant que député d’Antsohihy. Considéré comme étant le roi du retournement de veste, il a débuté au sein du PSD et puis il a rejoint le RPSD Vaovao de Voninahitsy Jean Eugène. Jao Jean a soutenu l’ancien président Marc Ravalomanana en 2002. Il a ainsi participé à l’éviction de l’Amiral Didier Ratsiraka. Et puis en 2009, Jao Jean a enfilé la veste Orange d’Andry Rajoelina pour contribuer au renversement de celui qu’il a soutenu en 2002. Dernièrement, l’ex-député d’Antsohihy a défendu la cause du régime de Hery Rajaonarimampianina contre Andry Rajoelina. Alors que lors des Législatives du 27 mai, Jao Jean s’est porté candidat à sa propre succession sous les couleurs de l’IRD, plateforme de ce dernier. A en croire les tendances des résultats publiées par la CENI, Jao Jean mène provisoirement dans le district d’Antsohihy. La population de ce district a vraiment voté pour ce politicien connu pour ses comportements indécents ? A l’époque, Jao Jean s’est cru être au-dessus de la loi et a fait parler de lui en refusant la procédure de fouille appliquée à l’aéroport international d’Ivato. L’ex-député d’Antsohihy faisait également partie des 79 députés corrompus avec 50 millions d’ariary pour voter des lois manifestement non-conformes à la Constitution et qui font actuellement l’objet d’enquête au niveau du PAC (Pôle Anti-Corruption). En 2011, Jao Jean a été arrêté et puis détenu préventivement pendant des mois à la maison d’arrêt de Marofoto (Mahajanga) pour une affaire de détournement de mineur et d’agression sexuelle. Actuellement, ce dinosaure politique remue encore ciel et terre pour représenter le peuple d’Antsohihy à l’Assemblée nationale. Une Assemblée nationale qui devrait redorer son blason si l’on veut avoir une institution législative digne de ce nom.
R.Eugène