
Décidément, l’exercice du pouvoir est toujours une partie d’équilibriste. La preuve a été donnée par le dernier communiqué du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique concernant le voisinage entre « écoles supérieures » et « lieu de beuverie et des « bonnes mœurs ». Les deux sont des bannières sociales, en bonne place sur le podium des valeurs malgaches. Mais voilà que l’institution gouvernementale émet qu’elle « rappelle à toutes les institutions d’Enseignement Supérieur qu’elles ne doivent pas s’implanter à une distance inférieure à une cinquantaine de mètres aux environs immédiats d’un marchand de boissons alcoolisées ».
A ce moment, ce n’était pas encore assez connu pour faire un buzz. Par ailleurs, il suffirait donc à un « institut supérieur lambda » de se placer à 65 mètres et tout le monde sera heureuxSûrement, les étudiants et étudiantes, au sortir de leur salle de cours. En quête d’une bonne rasade de nectar des dieux, ils seront épuisés de faire quinze mètres de plus. D’autant qu’ils et elles savent qu’au-delà de 50 mètres, ils seront anéantis par la soif avant d’atteindre les portes du bar. Vraisemblablement suite à une longue série d’analyses profondes en laboratoire, une marche d’une cinquantaine de mètres suffit amplement à éteindre toute envie alcoolique. La suite du communiqué éclaire encore plus sur l’esprit de la décision. « Ainsi, le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique invite toutes les Institutions en infraction par rapport à cet arrêté de déménager. Un délai de six (06) mois leur est accordé pour trouver un lieu conforme ».
Cette dernière missive a eu un succès inattendu sur la planète facebook malgache. Certains jugeaient les mesures complètement « à côté de la plaque ». D’autres y voyaient la pointe de l’iceberg du système actuel, spécialiste « des décisions loufoques ou une vision qui dépasse de dix ans son temps ». Les plus reconnaissants n’hésitaient pas à louer le Gouvernement d’avoir enfin reconnu la supériorité socio culturelle, et quelque part économique, des bars. Bien avant celle des établissements d’enseignement, et quelque part d’éducation. Rien de mieux pour faire un buzz, dans un pays classé humblement dans le top 10 des plus grands buveurs du monde. Le chantier sera immense si des actions de contrôle seront mises en marche.
Rien qu’à Antananarivo, il existe plus de 100 établissements, privés et publics. Donc, dans tout pays, les responsables devraient avoir les reins solides et les yeux aveugles à toute forme de corruption pour faire respecter ce communiqué ministériel.
MaminirinaRado