Après la proclamation officielle des résultats officieux des élections législatives par la Ceni (Commission électorale nationale indépendante), la balle est désormais dans le camp de la HCC (Haute Cour Constitutionnelle). Mais en attendant, la question est de savoir si, à l’issue de ces législatives, l’opposition officielle requise par le droit positif va être (enfin) effective ou comme à l’époque de l’ancien président de la République, Hery Rajaonarimampianina, sera éparpillée et impuissante.
A titre de rappel, la Ceni a révélé que la plateforme IRD (Isika Rehetra Miaraka amin’i Andry Rajoelina), pro-régime, a obtenu 84 sièges sur les 151 à pourvoir, le Tim (Tiako i Madagasikara) de l’ancien président Ravalomanana en acquiert 16, les indépendants en occupent 46 et les autres partis se départagent les cinq derniers. Avec ce schéma, et comme l’avait annoncé au préalable le président de la République, Andry Rajoelina, à Paris bien avant la sortie de ces résultats officieux, la plateforme qui soutient le régime actuel rafle la majorité et écrase les « opposants ». Il est donc, évident que les projets et les propositions de loi à soumettre soient avalisés par cette majorité, sans la moindre difficulté. A côté, les indépendants eux-aussi joueront un rôle majeur dans l’équilibre des rapports de force au sein de l’Assemblée nationale.
Etonnant. Quid, de ce fait, des opposants et de la mise en place effective de l’opposition officielle à Tsimbazaza ? Toavina Ralambomahay, analyste politique, en donne quelques réponses. «L’opposition aurait dû se proclamer dès le lendemain de l’investiture du Président. Elle aurait pu porter le statut de l’opposition et avoir un peu plus d’envergure lors des législatives. C’est d’ailleurs l’utilité de cette loi, pour faire face à la puissance des tenants du pouvoir. Mais vu la pratique politique à Madagascar, très peu vont oser se proclamer opposant alors que le Président a encore cinq ans devant lui…Ce serait refuser toute opportunité de goûter aux postes gouvernementaux. Et ce serait étonnant de voir une opposition officielle », s’alarme-t-il. Cela revient à écrire que ce sont les dirigeants qui changent et qui se succèdent, mais les mauvaises pratiques et mauvaises habitudes restent. Et la démocratie malgache sera, de nouveau, mise à l’épreuve. Déjà, avec cette majorité, laquelle sera confirmée par la HCC, les médias qui « accompagnent » le président de la République, et cette opposition qui n’arrive pas à se constituer, aucun changement majeur n’est à espérer durant ces cinq prochaines années, sur le plan politique ou démocratique.
Débat démocratique. N’oublions pas que non seulement le chef de l’Opposition officielle siège à l’Assemblée nationale mais surtout, il participe au fameux débat démocratique (qui n’a jamais eu lieu sous Rajaonarimampianina) sur les chaînes publiques, qui l’oppose au Premier ministre, tous les troisièmes vendredis du mois de janvier et le premier vendredi du mois de juillet. (Article 23 de la loi n°2011-013 portant statut de l’Opposition et les partis de l’opposition). De tout ce qui précède, tout porte à croire qu’il est plus que jamais opportun de mettre en place cette opposition officielle et d’appliquer (enfin) les dispositions légales y afférentes en vigueur. Pour Toavina Ralambomahay, « le résultat est assez normal vu que le dispositif juridique et politique, c’est-à-dire les deux avis de la HCC et la loi électorale, est en faveur du Président ». A suivre.
Aina Bovel