
Du manioc, généralement une fois par jour, à un menu plus varié et de meilleure qualité dans les établissements de détention. C’est ce changement dans la qualité de l’alimentation des détenus qu’a annoncé le ministre malgache de la Justice à une délégation d’Amnesty International. C’était le 21 mai 2019. Le gouvernement malgache a ainsi approuvé un nouveau régime alimentaire plus nutritif pour les détenu(e)s : trois menus seraient désormais proposés en alternance et ce, dans l’ensemble des établissements de détention du pays.
Santé en péril. Aux termes de la loi n° 2006-15, les personnes détenues à Madagascar ont le droit de bénéficier d’une alimentation variée, préparée comme il se doit et conforme aux normes d’hygiène et de diététique. Le même texte dispose par ailleurs que chaque détenu doit recevoir au moins deux repas par jour. Les réalités du terrain sont cependant tout autres. Selon la délégation d’Amnesty International qui a visité quelques établissements pénitentiaires, il a été constaté que la santé des détenus, y compris ceux en détention provisoire, « était mise en péril par une alimentation insuffisante ». Les familles apportant de la nourriture aux proches en détention est une pratique courante dans les prisons malgaches. C’est l’unique moyen de couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels des détenus et leur éviter la sous-alimentation. Face à cette situation, les moins nantis sont exposés à une insécurité alimentaire certaine. En octobre 2018, l’administration pénitentiaire estimait à environ 70 % le pourcentage des détenus en situation de sous-alimentation.
Respect des normes. Dans son rapport intitulé « Punis parce qu’ils sont pauvres. Le recours injustifié, excessif et prolongé à la détention préventive à Madagascar », Amnesty International a exhorté l’État malgache à respecter les normes internationales et à améliorer les conditions de détention, en adoptant un plan d’action national contenant des objectifs concrets à atteindre dans un temps limité. L’alimentation des détenus en fait partie. Suite à la mesure prise par les autorités pour introduire un nouveau régime alimentaire, l’application effective de celle-ci a été particulièrement soulignée par Amnesty International, afin que tous les détenus « puissent réellement profiter de cette alimentation variée et que les nouveaux menus soient mis en place sans délai dans toutes les prisons du pays ». La situation exceptionnelle des femmes enceintes ou allaitantes a également fait l’objet d’une mention particulière ; ces femmes – et leurs nourrissons – nécessitant une nourriture en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires.
Recommandations. Le régime alimentaire n’est pas le seul bémol à souligner dans les établissements de détention. D’autres volets des conditions de détention – tels le respect des règles d’hygiène, l’accès à des soins médicaux adéquats, la séparation entre les mineurs et les adultes, et entre les personnes en détention provisoire et les personnes condamnées – ont également fait l’objet d’une recommandation d’Amnesty International. Et afin de désengorger les prisons, un appel a été lancé à l’Etat en vue de s’attaquer au problème de surpopulation carcérale, en libérant les personnes placées en détention provisoire sans justification, et en développant le recours à des peines autres que l’incarcération.
Recueillis par Hanitra R.