
Un crime « politique » pour lequel bon nombre d’officiers avaient été lourdement condamnés, même pour des tentatives qualifiées de punissables.
Selon un dicton mi-humoristique, mi-ironique « ny gasy tsy maty raha tsy mosavy ». Littéralement, « les Malgaches ne meurent que par empoisonnement ».Transposé à la politique, pareil proverbe signifierait que le pouvoir ne tombe que par un putsch. D’où peut-être la phobie des dirigeants successifs pour les coups d’Etat tout particulièrement de la part des militaires qui ont le pouvoir au bout du fusil.
1972 et 1975. Cela a commencé en 1972, même si officiellement, c’était le peuple qui avait appelé le général Gabriel Ramanantsoa à prendre le pouvoir après les événements sanglants du 13 mai. Cela devait continuer en février 1975 avec le transfert des pleins pouvoirs au Colonel Richard Ratsimandrava qui avait été remplacé, après son assassinat assimilé à un coup d’Etat, par un Directoire militaire présidé protocolairement par le général Gilles Andriamahazo. Lequel s’était ensuite effacé devant le capitaine de Frégate Didier Ratsiraka qui, une fois devenu Président de la Deuxième République, avait fait condamner le Commandant Richard Andriamaholison ainsi que les capitaines Rakoto Abel et Rakotonirina déclarés coupables d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat.
2009. Nonobstant le président Zafy Albert qui avait été plutôt et très tôt empêché par un « coup d’Etat constitutionnel », tous les successeurs de « Deba » avaient leurs officiers comploteurs sans qu’il y ait eu forcément des actes préparatoires. Outre les Colonels Coutiti, Rahitso, Balbine et autres officiers impliqués dans la crise 2002, la tête du général Andrianafidisoa a été mise à prix par le président Marc Ravalomanana qui n’imaginait pas qu’il allait être bel et bien renversé par un coup de force militaire en mars 2009. Son tombeur, Andry Rajoelina devait également connaître des tentatives de putsch militaire dirigées notamment par le Général Raoelina et le Colonel Charles à la BANI puis l’affaire FIGN conduite par le Lieutenant-Colonel Raymond.
2014. Les « comploteurs » susnommés croupissent encore en prison, à l’exception du Colonel Charles qui s’est converti en marchand d’arts malagasy à La Réunion. Ou encore du général Noël Rakotonandrasana qui se fait discret depuis sa libération vers la fin de la Transition. Le régime en place depuis le 25 janvier 2014 semble ne pas faire exception à la règle avec l’audition du Lieutenant-Colonel Roger Luc suspecté principalement d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. D’autres officiers supérieurs seraient aussi dans le collimateur de la Brigade des Recherches qui a vu passer des « putschistes » d’un régime à un autre, quand bien même les auteurs du véritable coup d’Etat de 2009 n’auraient pas été inquiétés jusqu’à présent. Et ce, contrairement à d’autres officiers condamnés pour leur coup d’…éclat.
R. O