Vingt-quatre heures après la qualification historique des Barea aux huitièmes de finale de la CAN, le sélectionneur Nicolas Dupuis nous fait un bref résumé de cette rencontre de poule. Du premier point à la première place, le technicien français a réalisé l’exploit où il a gagné la confiance et le respect de la population malgache. Interview.
MIDI : Pouvez-vous faire le bilan des trois matchs des Barea ?
Nicolas Dupuis (N.D) : « Premier match, premier point de Madagascar dans une CAN. Il y a un peu de stress, un quart d’heure difficile durant lequel on perd tous les ballons récupérés. On n’arrive pas à bonifier les bonnes intentions. On sent qu’on découvre la compétition, c’est un peu tendu. Ensuite, dans le jeu, c’est au moment où l’on va le mieux qu’on prend ce premier but, à cause d’une faute d’inattention de notre part. On réagit bien après la pause, on marque deux buts sur coup de pied arrêté, puis on prend un but bête. C’est un bon résultat contre la Guinée. C’est historique. Tout le monde était content. On se repose un peu quatre jours. Notre première victoire est assez difficile. Cela a été compliqué, les deux équipes espéraient remporter la victoire. On n’a pas été très bons, on gagne dans un match un peu moyen. Là, on a la possibilité de terminer troisième. Le Nigeria est physiquement plus imposant que nous. C’est une très belle équipe africaine. On a préparé ce match tactiquement et techniquement. J’ai trouvé mes joueurs appliqués avec une discipline tactique et mentale exceptionnelle. On gagne de façon logique face au Nigeria par deux buts à zéro. On est passé du premier point, à une première victoire vers cet exploit. C’est sensationnel. »
MIDI : Les lacunes à améliorer lors des trois matchs ?
N.D : « On arrive à gommer au fil des matches les problèmes qu’on a. On est de mieux en mieux à chaque match. On se pose les questions et les bonnes. On essaie de trouver ce qui est à corriger et on corrige. Il y a de moins en moins de lacunes. On a parfois fait preuve de naïveté. Je ne pense pas que ce soit opportun de jouer à toute zone, on essaie de récupérer le ballon quand on est bas, c’est dangereux, et de relancer dans les 18 mètres. C’est un peu gonflé. Lors de la rencontre contre le Burundi, on aurait dû tuer le match à la première période, mais on ne l’a pas fait. S’il y a des choses à corriger, c’est la naïveté, et améliorer un peu notre efficacité offensive ».
MIDI : Quels sont les plus de vos joueurs ?
N.D : « Par rapport à toutes les équipes africaines, c’est la discipline tactique qui fait la différence. On a une organisation en notre possession. Je tiens à féliciter mes joueurs car ils écoutent et ils appliquent les consignes ».
MIDI : Marco est privé des huitièmes de finale. Comment allez-vous gérer ?
N.D : « Je ne vais pas changer grand-chose. Rayan a l’habitude de rentrer et a fait de bons matches de préparation, et il est capable de tenir le poste. Dax et Baggio peuvent figurer. J’espère pour eux, ce sont des super garçons. J’ai fait appel à William et Mamy Gervais d’urgence, et ils ont répondu présent. Si je fais appel aux autres, ils vont le faire aussi. »
MIDI : Si vous pouviez résumer en une phrase l’aventure des Barea jusqu’à maintenant ?
N.D : « C’est du plaisir. »
Autour de la CAN
Dax Andriamirado et Baggio, les ambianceurs
Beaucoup les réclament. Où sont Baggio et Dax ? Pourquoi ne jouent-ils pas ? Pour le moment, ils sont encore sur le banc des remplaçants. Dans le bus et dans les vestiaires, ils sont les ambianceurs, en essayant d’apaiser un peu la pression et de partager la bonne humeur. « On espère qu’on va enfin pouvoir jouer en huitièmes de finale », a lancé Baggio dans la voiture, après le match contre le Nigeria dimanche.
Carolus Andriamahitsinoro, co-meilleur buteur
Carolus Andriamahitsinoro est âgé de 30 ans. Attaquant superstar des Barea, il est l’un des joueurs qui a permis à l’équipe malgache de filer en huitièmes en inscrivant deux buts. Un face à la Guinée le samedi 22 juin, et un autre face au Nigeria le dimanche 30 juin. Une victoire historique qui doit beaucoup à ce joueur, très engagé sur le terrain au grand bonheur des millions de Malgaches, et surtout de sa femme et de son fils, qui sont ses premiers supporteurs. A l’issue de ces onze jours de compétition, Carolus fait partie des meilleurs buteurs de la compétition, aux côtés de Yattara de la Guinée, Poté du Bénin, Olunga du Kenya, Bakambu de la République Démocratique du Congo, Ahmed El Mohamady de l’Egypte, Okwi de l’Ouganda et Mohamed Salah de l’Egypte.
5 buts
Les matchs de poule sont désormais terminés pour Madagascar.
5. C’est le nombre de buts marqués par les Barea. Ils terminent premiers en termes de buts marqués dans le groupe B ; contre quatre pour la Guinée, deux pour le Nigeria et zéro pour le Burundi. Ces buts sont les réalisations d’Anicet Abel Andrianantenaina contre la Guinée, Carolus Andriamahitsinoro contre la Guinée et le Nigeria, Marco Ilaimaharitra contre le Burundi, et Lalaina Nomenjanahary, alias Bolida, contre le Nigeria.
Fatma Samoura félicite les Barea
La secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura, a félicité Madagascar à travers le Comité de normalisation auprès de la Fédération Malgache de Football. Les Barea de Madagascar ont créé la surprise générale, pour leur première participation à la phase finale de la CAN.
Mention spéciale pour les supporteurs
Une culture de supporteur s’est développée récemment autour de la sélection nationale. Les protégés de Nicolas Dupuis pourront encore compter sur les chants passionnés des supporteurs, même s’ils ne sont pas aussi nombreux que les autres au Stade d’Alexandrie, lors des huitièmes de finale prévues pour ce dimanche 7 juillet. Le président de la République, Andry Rajoelina, sera aussi parmi les supporteurs des Barea sur place, lui qui a annoncé qu’il allait venir. Pourtant, les relations entre les Barea et ses fans n’ont pas toujours été au beau fixe, la faute à des résultats sportifs aléatoires auparavant. Mais depuis deux ans environ, et au vu des résultats de l’équipe nationale lors des matchs amicaux et des éliminatoires de la CAN, l’image du supporteur s’est améliorée, et la sélection nationale bénéficie désormais d’un soutien actif dans les stades. Cela a été le cas lors de la rencontre entre le Sénégal et Madagascar en septembre au Stade de Mahamasina, durant lequel les Barea ont joué à guichets fermés. Nul n’ignore que quand les résultats sportifs sont bons, l’engouement est extrêmement fort et peut engendrer des délires interprétatifs. Les Barea ont réuni et fédéré la société malgache fracturée. C’est la magie du sport et du football en particulier. A Alexandrie, les Barea ont bénéficié du soutien sans faille des supporteurs qui ont fait le déplacement. Surpris par la prestation de l’équipe, les Egyptiens ont rejoint le rang des supporteurs malgaches.
Dossier réalisé par Tanjona HARIJAONA (Alexandrie, Egypte)