Ils ont fait vibrer toute une nation. Voici les quatre buteurs lors des matchs de poule des Barea.
Anicet Abel Andrianantenaina « C’est extraordinaire. »
Abel Anicet Andrianantenaina, portant le maillot numéro 13, est devenu le premier joueur malgache à marquer un but à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Son prénom est sur toutes les lèvres. Cet attaquant de Ludogorets Razgrad est apparu pour la première fois avec l’équipe nationale en 2015.
Pouvez-vous résumer votre parcours en matchs de poule ?
« C’est extraordinaire. Comme on le sait tous, les résultats sont satisfaisants. Jusqu’ici notre équipe n’a pas été battue. Si beaucoup ont pensé qu’on allait faire du tourisme ici, on a prouvé le contraire. Nous sommes prêts à encore donner le meilleur de nous-même pour espérer aller le plus loin possible dans cette aventure. Terminer premiers du groupe, c’est plus qu’un exploit, et c’est le fruit d’un travail d’équipe bien huilé, et surtout du soutien indéfectible des supporteurs. Cela nous fait chaud au cœur d’entendre qu’à Madagascar, après chaque victoire, c’est la fête et la liesse populaire. »
Vous êtes le premier buteur de la CAN pour Madagascar. Quelle émotion ressentez-vous ?
« Je suis hyper content et fier, car cela va rester dans l’histoire comme quoi je suis le premier joueur malgache à marquer un but dans cette joute continentale. Mais ce n’est pas le plus important. Pour moi, la plus grande victoire est celle d’amener l’équipe le plus loin. »
Votre rôle en dehors du terrain ?
« Ma spécialité, ce sont les blagues. Parfois, on a besoin de détente et d’un petit moment de déconcentration dans le sport de haut niveau. J’essaie aussi d’encourager la troupe. Entre frères, on se taquine de temps en temps. »
Votre surnom ?
« Je n’ai pas de surnom en particulier, mais tout le monde s’appelle « tête » au sein de l’équipe par rapport au ‘be mokondoha’ ».
Carolus Andriamahitsinoro « C’est la surprise. »
Carolus Andriamahitsinoro a séduit le cœur des millions de Malgaches par son talent et ses deux réalisations. Sur le terrain, il ne ménage pas ses efforts. Ce joueur d’Al-Adalah en Arabie Saoudite a joué avec l’équipe nationale depuis 2009.
Pouvez-vous résumer votre parcours en matchs de poule ?
« La surprise. Qui aurait cru à notre performance. Tous les joueurs se sont donnés à fond, tant à l’entrainement que lors des jours de match. »
Vous faites partie des meilleurs buteurs de la compétition. Vous attendiez-vous à ça ?
« J’ai marqué deux buts contre la Guinée et le Nigéria. Mon objectif, d’abord, c’est le groupe, au-delà des sacres individuels. Je peux dire qu’un de nos points forts, c’est le collectif. Chaque joueur essaie de se donner un maximum. »
Votre rôle en dehors du terrain ?
« Je suis de nature calme et réservée. Je ne m’isole pas, mais je ne suis pas un blagueur ni quelqu’un qui met l’ambiance. Ca ne m’empêche pas de profiter des bons moments avec le groupe. »
Est-ce que la présence de votre famille a eu un impact sur votre performance ?
« En tant que joueur, leur présence est primordiale. Elle est là pour me soutenir, en plus des supporteurs. Surtout, j’ai pu marquer deux buts devant eux. »
Votre surnom au sein de l’équipe ?
« Ils m’appellent ‘Lox’, qui n’est autre que le prénom de mon grand frère. »
Marco Ilaimaharitra « C’est magnifique. »
Marco est apparu pour la première fois avec l’équipe nationale alors qu’il était âgé de 21 ans, en 2017, lors du match amical contre les Comores en France. Il joue actuellement avec Sporting de Charleroi en Belgique. Il est l’une des relèves par excellence du football malgache, d’autant plus qu’il n’a que 23 ans.
Pouvez-vous résumer votre parcours en matchs de poule ?
« C’est magnifique. Il n’y a pas beaucoup de pays qui ont pensé qu’on pouvait en arriver là. On est content de porter haut les couleurs de Madagascar. »
Êtes-vous le sauveur de l’équipe lors de la rencontre contre le Burundi ?
« Je ne suis pas le sauveur, c’est pour l’équipe. Je suis content et fier. Comme je l’ai déjà dit, c’est moi qui ai marqué le but mais la victoire est pour toute l’équipe. Je dédie ce but à Madagascar, à ma famille, et à mes proches. »
Quel est votre meilleur souvenir de la CAN ?
« Chaque match est un meilleur souvenir. C’est peut-être le but, car ma maman, ma femme et mon grand frère étaient dans le stade. Ils ont été témoins de cette belle réalisation. »
Votre rôle en dehors du terrain ?
« Je suis quelqu’un de calme et un peu réservé dans mon coin. Des fois, je danse et je chante un peu avec l’équipe. »
Lalaina Nomenjanahary, alias Bolida « La détermination. »
Lalaina Nomenjanahary, dit Bolida, est un joueur qui n’est plus à présenter au sein des Barea. S’il y a un joueur qui a fait le plus de sélections parmi les 23, c’est bien lui. Il a rejoint les rangs de l’équipe nationale en 2006.
Pouvez-vous résumer votre parcours en matchs de poule ?
« Détermination. Nous avons montré de belles phases de jeu et de beaux matchs. En plus de ça, nous avons marqué des buts à chaque match. »
Votre but contre le Nigéria en a ému plus d’un. Votre sentiment ?
« Faire partie des buteurs de la CAN, c’est une motivation, et je suis encore plus motivé pour la suite. Au moment où j’ai marqué le but, j’ai eu une forte pensée pour ma femme et mes enfants qui sont restés en France. Je n’ai pas oublié aussi de remercier et de louer Dieu car tout est grâce à Lui. »
Votre rôle en dehors du terrain ?
« Dans une grande compétition comme la CAN, on essaie de détendre un peu l’ambiance surtout qu’on est ensemble pour un long moment. Il y a l’esprit de camaraderie qui règne entre nous, ce qui facilite la communication et la cohésion. J’aime bien taquiner aussi mes coéquipiers »
Votre surnom au sein du groupe ?
« Ça reste Bolida. »
Le Comité de normalisation joue la carte de la transparence
Après la qualification historique pour les huitièmes de finale de la CAN, c’est l’heure du bilan, que ce soit sur le plan technique qu’administratif. Atallah Béatrice, présidente du Comité de normalisation auprès de la Fédération Malgache de Football (FMF), a joué la carte de la transparence. Il n’y a rien à cacher selon elle, car les Malgaches méritent de tout savoir.
Ambassadeur de l’océan Indien
« Le monde entier nous félicite. Madagascar est devenu l’ambassadeur du football dans l’océan Indien. C’est la visibilité de Madagascar qui est en jeu. Comment allons-nous faire pour continuer cette diplomatie sportive. Nous remercions les Barea de porter haut les couleurs de notre pays sur le terrain, et de raviver la fierté nationale. Ils ont fait un miracle. Là, nous sommes en huitièmes de finale, et on espère que les Barea pourront aller plus loin dans la compétition. Je remercie aussi les nombreux supporteurs qui vivent en Egypte, ou d’ailleurs d’avoir fait le déplacement, à nos amis à la CAF qui ont fait le nécessaire pour permettre à nos compatriotes d’assister aux matchs », a expliqué la présidente du Comité de normalisation.
Primes de performance et de qualification
Préparer la participation des Barea à cette compétition n’était pas du tout une tâche facile au niveau logistique et financier. Des salles de massages ont été mises en place pour les joueurs, des médecins spécialistes les accompagnent quotidiennement avec toute la logistique qui va avec. Une entente a été trouvée entre le Comité de normalisation auprès de la FMF et les joueurs, avant le coup d’envoi des rencontres, par rapport aux différentes incompréhensions. La page des primes de qualification a été tournée et les joueurs recevront une prime de performance, dont la somme a été négociée entre les deux parties. Les joueurs ont déjà reçu la prime 107 000 euros (430 millions d’ariary) par rapport à la qualification, sans oublier les 700 millions d’ariary du président de la République. « Nous avons discuté ensemble. Nous avons expliqué que le comité ne devrait pas laisser de dettes à la nouvelle équipe de la fédération ». Après cet échange entre « raiamandreny et zanaka », les joueurs ont affronté la compétition sereinement et les résultats en sont les témoins. Avant de quitter le sol égyptien, Atallah Béatrice a signé avec les joueurs le procès-verbal sur la prime de performance. C’est à partir de la semaine prochaine que la moitié des primes de performance seront versées, une fois le virement de la CAF effectué. Et il y aura un pourcentage d’augmentation en fonction des résultats. Le staff de l’équipe n’est pas en reste. Ils recevront également des primes de perte de salaire et de participation, allant de 1 250 à 3 000 euros (5 à 12 millions d’ariary). Des sommes qui sont entièrement payées par la fédération. Des partenaires à l’image de l’Assurance ARO, la CNaPS, l’Accord Knits et l’UNICEF ont aidé la fédération dans cette tâche, où les détails des dépenses seront communiqués ultérieurement.
L’équipe, le staff, le Comité de normalisation et le ministère de la Jeunesse et des Sports ont procédé à la prise de la photo de famille officielle, hier.
Dossier réalisé par Tanjona HARIJAONA (Alexandrie, Egypte)