La ville d’Antsiranana a eu plusieurs facettes lors de l’occupation française. Elle était une base navale et point d’appui de la zone numéro 3 pour la défense de l’Asie du sud-ouest, et surtout de l’Océan Indien. La ville a eu un rôle administratif, puisqu’elle est le chef-lieu et le centre administratif de la province. Enfin, la ville a eu un rôle économique important car avec son port de commerce, elle a été le siège d’établissements commerciaux et industriels de la région économique du nord.
La baie de Diégo-Suarez, découverte en 1500 par le navigateur portugais Diego Diaz, a été reconnue trente-huit ans plus tard par le Rouennais François Cauche. A la fin du XVIIe siècle, le Français Mission fonde à Diégo-Suarez une colonie qui devait lui servir de base pour la guerre de course et qu’il baptise « Libertalia ». Cette communauté, qui n’eut qu’un temps, a été cependant assez florissante. Enfin, c’est en décembre 1885 que Diégo-Suarez et ses environs deviennent définitivement terre française. Les premières installations ont été créées à cap Diégo. La ville s’est ensuite développée sur le plateau d’Antsiranana. La baie est la plus vaste du monde, après celle de Rio de Janeiro, et l’une des plus belles qui soient. La côte extrême nord-ouest est elle-même découpée en plusieurs baies assez remarquables depuis le cap d’Ambre.
Sur le 12e degré sud et à l’extrême-nord de Madagascar, Antsiranana jouit d’un climat tropical atténué par l’influence de la mer et des montagnes environnementales. On y distingue deux saisons bien tranchées : une saison sèche, relativement fraîche, s’étendant du moi de mai à octobre, et influencée par les forts courants d’alizé du sud-est qu’on appelle « Varatraza » ; une saison des pluies, chaude et humide, s’étendant de novembre à avril, et influencée par la mousson du nord-ouest.
Zone portuaire d’activités. Diégo-Suarez, située sur un promontoire au sud de la baie éponyme, érigée en commune par un arrêté du 13 février 1897, est déjà une municipalité ancienne. Port de commerce et base navale, centre commercial et industriel d’une superficie d’environ 4.100 hectares, la ville est construite suivant un damier régulier qui domine la rade. Bien que la baie communique avec l’océan sur la côte orientale de la ville-est, sa région fait géographiquement partie des pays de l’ouest malgache. La voie de communication principale, qui relie le centre à l’intérieur, dessert en effet les régions d’Ambilobe et d’Ambanja. Diégo-Suarez est le seul port malgache, en dehors de Toamasina, à posséder un quai en eau profonde. Toutefois, pendant la période de la colonisation, le quai existant de 120 mètres de long est insuffisant et contraint à maintenir parallèlement tout le matériel exigé pour les rades foraines, soit au total 27 chalands, totalisant 2.760 tonnes. Selon Marcel Blosset, « la rade de Diégo-Suarez, une des plus belles et des plus vastes du globe, est reliée à la haute mer par une passe assez large de 700 mètres et assez profonde de 40 mètres, pour qu’aucun embouteillage ne soit à craindre. Cette passe aboutit au carrefour de plusieurs baies, qui s’enfoncent profondément dans la terre. Et l’une d’entre elles, à plus de 9 km de la passe, peut offrir aux grands navires une surface utilisable de 8 km2, avec une profondeurminimale de 10 mètres. » Le port d’Antsiranana a un atout. En 1938, son trafic portuaire s’est élevé à 111.535 tonnes. Ensuite, même si la ville a été un mini-théâtre de la Seconde Guerre mondiale en 1945, le trafic a augmenté de 125.000 tonnes. Les installations portuaires dans les années 50 ont permis de travailler sur quatre navires à la fois, dont un à quai, avec un trafic possible de 1.000 tonnes par jour. La compagnie maritime de l’Afrique-orientale a également assuré la manutention des marchandises sur le port d’Antsiranana. Son infrastructure lui a permis une activité accrue.
D’après Jao Alphonse, ancien navigateur, « grace à son port, la ville d’Antsiranana a connu une modernisation au début des années 1950 ». En effet, elle attire des migrants venant des autres régions de Madagascar et des pays comme les Comores, le Yémen, et Djibouti. Les infrastructures sont construites, le quart de la ville a accès à l’électricité. La ville a connu un essor économique fulgurant dans les années 1960.
Recueilli par Iss Heridiny
C’est intéressant merci