
A Ankatso et Ambohipo, comme à Andrainjato, à Barikadimy et ailleurs, la prostitution étudiante est un phénomène bel et bien existant, mais dont personne, ou presque, n’en parle.
Hermione Ursula est sans doute l’une des rares étudiantes qui se sont penchées sur la question dans leurs recherches universitaires. Il s’agit du phénomène de prostitution en milieu universitaire, déjà connu depuis des années, voire des décennies, mais reste cependant invisible tout en n’étant pas un secret pour personne. Hermione, étudiante en troisième année d’études en sciences sociales à l’Université de Fianarantsoa, en a fait son sujet de recherche en vue de décrocher sa licence. « C’est un phénomène qui existe, mais sur lequel il n’y a évidemment pas de statistiques ni d’informations fiables », annonce-t-elle, permettant de prendre la mesure de la difficulté pour creuser la question et en faire une recherche de niveau universitaire.
Activités. Dans l’espace universitaire, notamment les cités et logements universitaires, le phénomène est moyennement visible. Les activités directement en lien avec la prostitution étudiante n’ont pas lieu, en général, sur les lieux d’habitation des étudiants. A la cité universitaire d’Ankatso, ou encore à Ambohipo où logent également de nombreux étudiants de l’Université d’Antananarivo, les étudiantes qui s’adonnent à la prostitution sortent du campus pour rejoindre leurs clients dans d’autres endroits. Leurs activités sont cependant connues des amis qui partagent leurs chambres ou ceux des logements voisins.
Ressources. La situation financière de ces étudiantes contraste énormément avec celle des autres issus du même milieu social, notamment ceux dont les parents habitent en milieu rural très éloigné. « Les étudiantes qui se prostituent n’ont pas forcément une apparence physique particulière. Elles sont des étudiantes comme les autres. Seulement, elles sont beaucoup mieux habillées et peuvent s’acheter des vêtements, chaussures et accessoires à la mode, très chers mais adaptés à leur âge, ou encore des lap tops de grande marque. Et dans leurs chambres, elles ont tout ce qu’il faut », commente J.R., étudiante à l’université d’Antananarivo qui habite à la cité universitaire d’Ankatso, connaissant autour d’elle d’autres étudiantes qui font de la prostitution.
Réseaux sociaux. La prostitution étudiante se présente sous diverses formes. Occasionnelles ou régulières, ces activités apportent des ressources financières parfois très confortables aux étudiantes concernées. Si certaines se font entretenir par des hommes, généralement beaucoup plus âgés, en échange de leurs « services » qui s’étalent dans la durée, d’autres exercent cette activité de manière occasionnelle. L’usage des réseaux sociaux est fortement répandu et joue un rôle central dans la mise en lien des étudiantes avec ceux intéressés par leurs services, donnant ainsi beaucoup moins de place aux proxénètes. Ces dernières années, le phénomène prend de l’ampleur. Des étudiants commencent à s’y pencher, mais dans un domaine d’ordre académique et de recherche. De leur côté, les responsables ont du mal à faire face à un problème bien réel, mais si peu visible.
Hanitra R.
Félicitations Hermione, pour ton odace de choisir cette réalité masquée vécue par des étudiantes en milieu universitaire.
Cette situation expose également ces jeunes filles à la grossesse non désirée et ensuite aux avortements clandestins.
C’est un grand problème de la société et de la santé sexuelle et reproductive à Madagascar.