- Publicité -
vendredi, mai 2, 2025
AccueilCultureLu pour vous : « Peau noire, masques blancs » de Frantz Fanon sous l’actualité

Lu pour vous : « Peau noire, masques blancs » de Frantz Fanon sous l’actualité

Frantz Fanon, écrivain et impliqué dans l’affirmation moderne de la civilisation africaine.

Si Aimé Césaire enflammait son « Discours sur le colonialisme » d’une forme de dénonciation d’un système aussi vieux que le colonialisme, aujourd’hui presque oublié ou poussé à être oublié. Frantz Fanon, dans son livre « Peau noire, masques blancs », un ouvrage de 239 pages édité en 1952 aux éditions Seuil, s’amuse à décortiquer les relents historiques et temporels de cette phase génocidaire sous les plumes d’une civilisation soi-disant civilisatrice. Cette œuvre de ce psychiatre et indépendantiste martiniquais a inspiré de nombreux auteurs : chercheurs, universitaires, philosophes… par la suite. Sans doute, à cause d’une vision plus intériorisée, sans aucune fausse accusation ni des pensées tardives sur « ce qui a été fait » pour l’histoire.

« Peau noire, masques blancs » a été écrit dans une phase précoloniale où l’indépendance des pays colonisés par la France sonnait déjà à la porte. L’Algérie, pays tellement cher à l’écrivain, se dirigeait vers un conflit majeur sur son territoire confisqué par les Français. La « Guerre d’Algérie » allait faire plus de 250.000 victimes algériennes. Comme si c’était encore hier, puisqu’entre 1954 et 1962 naissaient bon nombre de politiciens ou des femmes de politiciens français encore en activité actuellement. La révolution grondait et Frantz Fanon anticipait déjà l’après colonisation. Les cicatrices, également les « vestiges » civilisationnels laissés par la longue relation entre Algériens et Français. La citation d’Aimé Césaire placée en introduction en dit assez. « Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme ».

Frantz Fanon pose la question ultime, celle qui va servir de boussole à son cheminement dans « Peau noire, masques blancs » : Que veut l’homme noir ? Il ne tente pas d’y répondre, il appelle plutôt la conscience du colonisé à prendre du recul. A regarder autour de lui, à ne pas ressasser le temps d’antan. Mais surtout à réaliser ce qui lui a été laissé. Il a ainsi réparti son livre en sept chapitres : le noir et le langage, la femme de couleur et le blanc, l’homme de couleur et la blanche, du prétendu complexe de dépendance du colonisé, l’expérience vécue du noir, le nègre et la psychopathologie, le nègre et la reconnaissance… Il faut dire qu’au fil de la lecture, trois ou quatre chapitres passent encore sans encombre au prisme des valeurs contemporaines. Les autres servent à comprendre, les bases du colonisé moderne. Puisque Frantz Fanon réussi à démontrer avec une plume assez plaisant, que la décolonisation a été avant tout matérielle (documents signés, drapeau, etc), mais personne n’a jamais affirmé qu’au fond de sa conscience le colonisé est vraiment libre.

A l’heure où le nationalisme s’aiguise activement en Occident, où des incidents racistes sont peu signalés à travers les médias occidentaux. A se demander si dans un pays comme Madagascar, un parti extrémiste, qui demanderait le départ de tous les étrangers au nom du « droit de sang » ou tout au moins les contraindraient à s’adapter aux mœurs et aux valeurs de la culture d’accueil, pourrait être légalisé ? Frantz Fanon a vu juste, « soyons gentils avec les nègres », écrit-il…

Maminirina Rado

- Publicité -
- Publicité -
Suivez nous
409,418FansJ'aime
10,821SuiveursSuivre
1,620AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici