Pour son redressement, la Jirama mise sur l’amélioration de la performance, l’augmentation des revenus tarifaires, et la renégociation des grands contrats permettant de maximiser l’impact de l’investissement dans les grands projets.
On peut parler de progrès si l’on se réfère aux petits problèmes d’approvisionnement en eau et électricité, résolus par la Jirama en un délai de moins en moins long. Mais au niveau financier, sa situation est très critique. Selon le rapport de la Banque Mondiale, la société d’Etat a accumulé des arriérés de plus de 1.600 milliards d’Ariary, au 30 juin 2019. « Les revenus tarifaires n’ont permis de couvrir que la moitié des coûts. Le coût moyen opérationnel était de 983 Ar par kWh, alors que le tarif moyen était de 516 Ar par kWh. La JIRAMA a perdu 290 milliards d’Ar en 2018, malgré une subvention de 315 milliards Ar. Sans intervention rapide, le déficit de l’entreprise va se creuser, et les pertes annuelles culmineront à près de -1 400 milliards Ar en 2025 », ont évoqué les représentants de l’institution de Bretton Woods.
Performance. Avec des améliorations dans la gestion, la JIRAMA peut économiser jusqu’à 366 milliards Ar par an en moyenne entre 2020 et 2030, selon la Banque Mondiale. Cependant, ces améliorations seules ne permettent pas à la société d’atteindre son équilibre financier. En effet, des actions permettant d’améliorer la qualité de service, et de résorber un tiers du déficit de la JIRAMA sont déjà en cours, notamment avec le Projet d’Amélioration de la Gouvernance et des Operations dans le Secteur de l’Electricité (PAGOSE), financé par la Banque Mondiale. Les actions menées dans ce cadre, incluent la lutte contre les fraudes et les détournements, l’optimisation de la production dans les centres isolés, la baisse des coûts unitaires de carburant, la lutte contre les pertes techniques, et l’amélioration du service client, notamment par la dématérialisation du système de paiement.
Hausse des tarifs. L’augmentation des revenus tarifaires protégeant les consommateurs les plus fragiles est également une alternative permettant de combler les deux tiers du déficit restant et assurer l’équilibre à la fin de l’année 2025, selon l’étude de la Banque Mondiale. « La structure tarifaire actuelle, avec un tarif moyen couvrant la moitié des coûts, bénéficie avant tout aux grands consommateurs. L’équilibre financier peut être atteint en ramenant le tarif moyen au niveau de l’année 2008 en termes réels. L’étude d’optimisation tarifaire, en cours de réalisation et financée par PAGOSE, déterminera comment protéger les ménages les plus fragiles et préserver la compétitivité des entreprises malgaches, par exemple avec des mesures d’accompagnement comme l’efficacité énergétique. Cette augmentation des revenus est justifiée si la JIRAMA assure une qualité de service supérieure », ont indiqué les spécialistes. Selon les explications, l’augmentation des revenus tarifaires devra être progressive, selon les explications, permettant ainsi la réduction progressive des subventions.
Grands contrats. Du côté des contrats avec les fournisseurs de la JIRAMA, une renégociation fructueuse permettrait à la société d’Etat d’économiser 193 milliards Ar par an entre 2020 et 2030, soit autant de subvention que le Gouvernement n’aura pas besoin de verser. Le Gouvernement pourra mobiliser les fonds économisés sur d’autres secteurs critiques pour l’émergence de Madagascar, tels que la santé, l’éducation, ou le transport. Par ailleurs, la Banque Mondiale a soutenu que la JIRAMA doit être responsable devant ses consommateurs, les citoyens, et assurer l’équité, notamment par l’optimisation tarifaire. En outre, le Gouvernement reconnait que le déficit de la JIRAMA sera comblé par une combinaison d’optimisation tarifaire visant à augmenter les revenus, et baisser la subvention. Enfin, dans le cadre des réformes, les passations de marchés seront réalisées de manière transparente, structurée, concurrentielle, et selon le Plan de Développement à Moindre Coût, financé par la Banque mondiale. Selon cette dernière, les décisions d’investissement dans les grands projets seront fondées sur des considérations purement économiques.
Antsa R.