
Depuis que « facebook » est devenu l’outil d’influence par excellence de la planète réseau social « malgache », le reflet de la société locale que cet immense outil numérique se situe entre le macabre, et l’absurde, sans doute puisque c’est un produit né en Amérique.
A commencer par ces récents accidents et embardés dans les quatre coins du pays, sept morts, des dizaines de blessés, des bébés gisant dans la morgue… Bref, le sort est en train de faire sa chasse à l’homme malgache apparemment.
Ensuite, il y a ces « posts » complètement « trash », il faut se l’accorder, mais lâcher par la page d’une institution, cela paraît quelque peu burlesque. Il y a quelques semaines ou quelques jours, on imagine la tête du « community manager » du ministère, celui-ci a diffusé un message : « Raha tsy tianao ny ho tara dia miaingà aloha », pour dire « Si tu ne veux pas être en retard, pars tôt ».
En quelques minutes, des centaines de personnes se sont insurgées, actuellement, la colère n’est plus trop du côté des « facebookers », plutôt choisir l’ironie, peut-être par pure résignation. Des dizaines de partages après, le ministère a retiré le post de son mur. Sûrement, quelques-uns ont réussi à faire une capture d’écran.
Ils ont aussi fait le buzz, ce baccalauréat 2019… Ces fuites de sujets, ces candidats et candidates à la lumière d’une bougie vers 21 h encore en train de passer les épreuves… et tout cela qui a failli gâcher cette fête d’anniversaire.
On ne sait de quelle manière, mais Madagascar rappelle de plus en plus au « Les moissonneuses » de Pieter Bruegel. Dans une belle campagne foisonnante, une terre qu’on imagine fertile, des animations ludiques, une mer, une église garantie d’une morale existante… Des personnages rembourrées, des travailleurs, profitant de la quiétude des bonnes récoltes… Pourtant, leurs visages sont monstrueux, tels des bêtes résignées…
Au centre de toute cette bénédiction presque divine, l’homme semble exténué. Un acharnement obéissant au travail laissant transparaître ce faciès de « zombie ». A la différence que sur cette belle île Rouge, les zombies se mangent ou se snobent entre eux.
Depuis longtemps, les interprétations ont pensé que l’œuvre de cet artiste du XVIe siècle affirmait la belle époque. Décrivant une nostalgie des bombances et des ripailles. Au fil du temps, il s’avérait que le peintre rappelait également la condition du « petit peuple », tandis que les seigneurs et le clergé se pavanaient, barbotaient dans les mares… Les bateaux engorgés quittaient le port pour on ne sait quelle contrée.
Trahissant son message à travers les rictus de névrosé arborés par les personnages en premier plan, Bruegel avait déjà un temps d’avance.
Quelque part, il est difficile de ne pas se dire que la société malgache actuelle est devenue une vaste mise en scène grâce aux réseaux sociaux. A force, les utilisateurs vouant un « culte » à cet outil risqueront d’être déconnectés de la réalité, et surtout de sa dynamique.
Maminirina Rado