Comme ils ont déjà annoncé, les habitants concernés ont manifesté pacifiquement samedi dernier pour réitérer leur refus catégorique de céder leurs terres.
Ils ne sont pas prêts à céder. C’est le moins qu’on puisse dire d’une manifestation organisée samedi dernier par les habitants des quatre communes concernées par le projet de remblayage en vue de construction du projet « Tana-Masoandro ». C’était notamment une occasion pour les paysans des communes d’Ambohitrimanjaka, d’Ambohidrapeto, d’Ankadimanga et de Fiombonana de démentir les fausses informations véhiculées sur leur mouvement de contestation. « Nous ne sommes pas des mercenaires. Nous sommes les vrais propriétaires des rizières que l’Etat veut remblayer. Nous ne voulons pas de l’argent. Nous voulons garder les terres que nous avons héritées de nos ancêtres.», a martelé Rasolonirina Marcelline, une mère de famille de 55 ans qui était parmi les manifestants samedi dernier à Ambohitrimanjaka. Quant à lui, Ralaimizana Germain de mettre les points sur les « i » : « Nous n’avons reçu aucun franc pour manifester contre la spoliation de nos terrains. Dire que nous avons reçu chacun 5.000 Ar relève d’une désinformation. » Par ailleurs, un père de famille de 85 ans a demandé au président de la République à venir sur place pour que les habitants puissent lui dire que les paysans ne céderont pas leurs rizières. La manifestation de samedi dernier a été pacifique. Des éléments de l’Emmo-Reg ont été présents sur place. « Nous sommes ici pour sécuriser la manifestation. Tout débordement n’est pas accepté. », a expliqué le Lt-Col Anicet Randrianarivelo.
Procédure. Outre le refus des agriculteurs concernés de céder leurs terrains, un débat juridique est engagé sur la procédure qui devrait être respectée quand il s’agit d’une expropriation pour cause d’utilité publique. D’après l’ancienne présidente du SMM (Syndicat des Magistrats de Madagascar), une étude d’impact environnemental doit être effectuée avant de procéder à une éventuelle expropriation. Cette magistrate souligne que cette étude devrait comporter plusieurs phases, dont notamment une enquête de commodo et in commodo qui permet connaître les réactions des habitants concernés par l’expropriation. « Une autre phase permet d’évaluer les montants des indemnités à allouer aux propriétaires qui acceptent de céder leurs terres. Et le processus sera clos par l’adoption du décret portant expropriation. », précise Fanirisoa Ernaivo. La question qui se pose est de savoir si la procédure a été respectée. Hier, la porte-parole du gouvernement Lalatiana Rakotondrazafy a publié dans les réseaux sociaux plusieurs documents administratifs dont le « décret n°2019-1546 déclarant d’utilité publique les travaux de construction de la nouvelle ville Tana-Masoandro 1re phase, 1re étape et fixant les modalités de libération d’emprise occasionnée par lesdits travaux ». La ministre de la Communication et de la Culture a également divulgué l’avis sur l’ouverture de l’enquête commodo et incommodo. L’avis date de 14 juin 2018 et a été signé par Hajo Andrianainarivelo, alors qu’à ce moment-là, ce dernier n’était pas encore le ministre en charge de l’Aménagement du Territoire.
R. Eugène