
Madagascar ne compte qu’une dizaine de femmes formées. La question du genre est encore une bataille à mener dans le monde de l’administration des affaires maritimes.
L’insularité de Madagascar met en évidence l’importance des ports et du secteur maritime. Une évidence souvent méconnue du citoyen lambda et qui semble oublier par certains décideurs politiques. Un oubli qui pourrait se manifester par l’inexistence d’école supérieure chargée de former et de produire des cadres supérieurs spécialisés en administration maritime telle que les administrateurs des affaires maritimes, les juristes maritimes ou encore les manager portuaires. En effet, les formations dispensées auprès de l’Ecole Nationale d’Enseignement Maritime du pays (ENEM) sont « limitées ». « L’ENEM a été mise en place pour former des marins allant de subalternes, d’officiers, d’officiers mécaniciens aux officiers commandant des navires. Il faut se former à l’étranger si l’on veut avoir des diplômes en matière d’administration maritime », fait savoir Vonimbolanoro Razakafoniaina, membre de l’association des femmes manager du secteur maritime à Madagascar en marge de la célébration de la Journée mondiale de la mer vendredi dernier à Toamasina. Une situation handicapante pour un pays comme Madagascar mais surtout pour la jeunesse malgache qui ne dispose pas forcément des capacités financières pour les études à l’étranger. Un projet de réforme de l’ENEM serait toutefois en gestation. L’on envisagerait « d’ouvrir les cursus de formation à d’autres domaines comme l’administration maritime ». Une façon devant permettre de produire des compétences répondant aux besoins du pays d’un côté, mais qui développerait le secteur maritime malgache, de l’autre. Outre ce changement au niveau des cursus, on projetterait également « une extension de l’ENEM ».
Parité. La célébration de la Journée mondiale de la mer effectuée à Toamasina a également permis d’avoir quelques informations sur la place de la femme malgache dans l’univers de l’administration maritime. De ses quarante ans d’expériences en la matière, Vonimbolanoro Razakafoniaina fait savoir que « Madagascar ne compte qu’une dizaine de femmes formées auprès des grandes écoles à l’étranger ». Une situation que l’association des femmes manager du secteur maritime voudrait changer si l’on s’en tient toujours aux dires de notre interlocutrice. « Par l’intermédiaire de l’association, nous avons la possibilité d’envoyer des jeunes malgaches dans les pays étrangers comme la France afin d’y parfaire leurs études. Ce, grâce à des bourses d’études octroyées par l’Organisation maritime internationale. L’objectif étant de leur donner le plus de bagages possibles afin de faire face aux exigences du métier », explique-t-elle. Avant de préciser : «le but de l’association est de promouvoir les femmes et le genre dans le domaine de l’administration maritime ». Célébrée sous le thème « Autonomisation de la femme dans le secteur maritime », la Journée mondiale de la mer qui était organisée à Toamasina était l’opportunité pour des femmes comme Vonimbolanoro Razakafoniaina de partager leurs vécus mais surtout d’interpeller sur l’importance du genre.
José Belalahy