
Située dans la partie Nord-Est du pays, la région SAVA est l’une des plus riches de Madagascar.
« Ici, c’est la population qui fixe le prix d’une chose. Et elle a une façon unique de procéder. Sa cherté constitue la garantie d’un produit de qualité ». Ce sont là les propos de Jao Pierrot, habitant de la ville de Sambava, pour résumer la situation qui prévaut actuellement dans la SAVA. Une situation où la réglementation des prix semble avoir échappé aux autorités locales. « Ce qui se passe chez nous est quasi normale pour la population », d’après toujours les explications de Jao Pierrot. « L’argent de la vanille – pour ceux qui en ont bien sûr – permet à la population de suivre la tendance. Ce qui est pourtant triste c’est que l’on oublie souvent l’autre frange de la population. Celle qui ne bénéficie pas de la manne. Une frange laissée pour compte qui n’a d’autres choix que de subir la difficulté de la vie. Et ici, tout est difficile », avance notre interlocuteur. La vie coûte, en effet, deux à trois fois plus chère que dans les autres régions. Pour ne citer qu’un exemple, une bouteille d’eau d’un litre et demi peut facilement atteindre les six milles Ariary alors que l’on n’est pas dans un de ces hôtels à trois ou quatre étoiles mais dans une épicerie de quartier.
Revers. D’autres habitants de la région SAVA, à l’instar de Biva, explique la situation par l’important flux monétaire et financier observé dans cette partie du pays. « L’argent circule beaucoup ici. De là, la population de la région s’est mise en tête qu’il faut en profiter. C’est pourquoi le gain, l’appât des bénéfices a pris le dessus. L’on ne s’étonne pas si tout est cher…on doit même payer les services censés être gratuits ici ». Si l’argent de la vanille contribue à hauteur de 30% du PIB de Madagascar, soit près d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires, cette manne a également des revers sur la vie, en général, dans la SAVA. Comme l’a dit Joma, conducteur de TukTuk d’Antalaha, « l’argent est là. Il va et il vient. S’il est plus difficile de l’avoir, le dépenser l’est moins. Et la population, dans sa globalité, en souffre énormément ». Si ailleurs, la vie n’a pas de prix, dans la SAVA, elle coûte cher.
José Belalahy