Lu pour vous… « Les fraudes électorales : comment on recolonise la RDC » de Fweley Diangitukwa
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Le professeur Fweley Diangitukwa, considéré comme l’un des meilleurs auteurs post modernes africains.
En guise de préambule, le professeur Fweley Diangitukwa, auteur post-moderne congolais et référence dans la lutte identitaire africaine autant politique que culturel, lâche dans son livre « Les fraudes électorales : comment on recolonise la RDC », aux éditions L’Harmattan – 2008. « Ce qui gêne réellement les puissances, c’est notre décision de compter sur nos propres forces et de refuser de recevoir des ordres de ceux qui se considèrent depuis toujours comme nos maîtres. Notre diamant, notre or, cuivre, cobalt… nous appartiennent […] Nous voulons coopérer avec tous les Etats du monde, respecter leur souveraineté, leur indépendance. Mais nous exigeons aussi qu’on nous respecte, qu’on ne nous donne pas de leçon ».
Visionnaire dans une Afrique en pleine mutation, où les émergents peinent encore à tirer vers la région. Pour ne citer que le Rwanda qui peut servir de locomotive avec ses pays limitrophes. Ou encore le Ghana, l’Afrique du Sud, etc. Tantôt, leurs voisins se trouvent encore empêtrés dans des guerres d’intérêts internes aussi vieux que la sagesse à travers leur tradition orale. Tantôt, l’on ressent encore la mainmise d’une ancienne puissance coloniale dont la force économique dépend beaucoup des ressources naturelles africaines. Pour revenir au sujet du livre, Fweley Diangitukwa pose les bases en introduction. « Les fraudes électorales sont-elles devenues ces nouvelles méthodes de reconquête, en plaçant à la tête des nations qualifiées de non viables ou failed states (Etats défaillant) des chefs d’Etats de paille appelés à couvrir les nouvelles stratégies coloniales ? ».
Dans ce livre, où les mots et surtout les idées sont développés sans aucune concession. Raison pour laquelle sans doute, l’auteur a tout de suite été calqué de renégat par le pouvoir assez rude du général Mobutu. L’écrivain n’hésite pas à faire des analyses comparatives sur ce qui se fait en Europe et ce qui se fait dans son pays en matière de système électorale en dénichant les représentations les plus pertinentes. En évoquant son Congo natal, Fweley Diangitukwa n’est pas élogieux. « La République « démocratique » du Congo traverse maintenant une période qui doit être qualifiée d’ « années perdues » dans la mesure où une classe politique vorace bloque l’éclosion des idées nationalistes qui, dans des conditions normales, contribueraient au développement du pays. La recolonisation du Congo est un projet très astucieux, exclusivement économique, mené avec la complicité des acteurs locaux qui n’ont pas toujours conscience du rôle qu’on leur fait jouer ».
Dans le genre radical, on ne peut trouver mieux chez les auteurs africains parlant de l’intérieur de leur pays. En 228 pages, il décortique les multiples aspects de la relation « recolonisation/fraudes électorales » avec des chapitres comme « Le programme de recolonisation des Etats d’Afrique ». Où il apporte des chiffres ahurissants de l’apport de l’Afrique en matières premières à l’Europe Occidentale dont « l’accès et le contrôle » sont à la base des soi-disant coopérations. A partir d’un regard systémique, tout à l’honneur du modèle de pensée africaine, dynamique et circulaire, Fweley Diangitukwa maîtrise tout autant les enjeux et ramifications économiques, politiques, sociaux et culturels dans son discours. Cet éminent chercheur est professeur « en sciences économiques et sociales, mention science politique. Il a enseigné au département de science politique de l’Université de Genève et à Schiller International University, à Leysin (Suisse) ».