
Depuis le début du partenariat stratégique entre Air Madagascar et Air Austral, deux compagnies aeriennes en difficulté, les observateurs affichent un certain scepticisme sur le bien-fondé de cette union.
Deux ans après sa signature, l’accord de partenariat stratégique entre la compagnie aérienne nationale malgache Air Madagascar et la compagnie régionale réunionnaise Air Austral semble ne pas apporter les résultats escomptés.
Mal négocié. Le 30 novembre 2017, le gouvernement malgache de Hery Rajaonarimampianina avait signé l’acte de cession « closing » d’Air Madagascar au profit de son partenaire stratégique Air Austral. Ainsi, par cet accord, était rendue officielle l’entrée au capital de la compagnie réunionnaise, à hauteur de 49% contre 51% pour l’Etat malgache qui reste donc l’actionnaire majoritaire de la compagnie nationale. Mais outre l’entrée au capital, les clauses de cet arrangement sont considérées par les observateurs comme mal négociées puisqu’elles avantageraient surtout la partie réunionnaise. Le passif de la compagnie restant l’obligation de l’État malgache, celui-ci a ainsi dû apurer 303 milliards d’ariary de dettes d’Air Madagascar. Une obligation à laquelle l’Etat malgache s’est acquitté. Du côté de Air Austral, celle-ci a tardé à injecter les 40 millions de dollars d’investissements prévus dans l’accord et destinés à la réalisation du plan de relance de la compagnie. La direction d’Air Austral suggèrerait également qu’Air Madagascar fasse un emprunt de 25 millions de dollars pour faire face à ses problèmes de trésorerie.
Toujours en difficulté. Une relance qui, plus de deux ans après, ne voit toujours pas le jour puisque actuellement, Air Madagascar est toujours en difficulté. Les irrégularités des vols aussi bien domestiques que régionaux et internationaux, les pannes fréquentes des deux Airbus A 340 qui se voient cloués au sol pendant des semaines voire des mois, constituent autant de facteurs qui ont contribué à fragiliser la compagnie nationale. Ces deux même Airbus qui sont au cœur du procès perdu contre Air France, obligeant Air Madagascar a payer 101 millions de dollars alors qu’elle est en pleine difficulté de trésorerie. En somme, Air Madagascar se trouve actuellement dans une situation de grande fragilité, avec des difficultés qui ne cessent de s’accroître. Les contribuables ont pour leur part payé le prix fort à travers cet apurement de dettes inscrit dans la loi de finances 2018, et il serait compliqué pour la partie malgache d’injecter plus de fonds. Ainsi, un changement de management n’est pas à exclure et l’actuel Directeur Général d’Air Madagascar, Besoa Razafimaharo, est visiblement contraint à quitter son poste.
Echec. L’on apprend en effet que ce dernier déposera sa démission auprès du Conseil d’Administration qui se réunira dans les jours qui viennent. Une démission imminente qui fait probablement suite à l’échec dans la gestion de la compagnie durant ces deux années de partenariat stratégique et qui a mis en évidence les défaillances de l’accord avec la compagnie réunionnaise, elle-même, en proie à une crise financière. Le rapport publié récemment par la Chambre régional des comptes de la Réunion attestant ces difficultés. En effet, ce rapport fait état d’une « santé financière de plus en plus difficile » pour Air Austral dont le résultat net est constamment en baisse depuis 2015. En tout cas, cette démission attendue de Besoa Razafimaharo va probablement marquer le début d’une nouvelle étape dans le processus de redressement d’Air Madagascar. L’on parle dans les coulisses d’un possible remplacement d’Air Austral par Ethiopian Airlines, l’autre compagnie qui était parmi les soumissionnaires de ce partenariat stratégique. Affaire à suivre.
R.Edmond.