La fête de Noël fut belle. La population tananarivienne s’est étourdie en regardant sa ville resplendir sous les illuminations. En l’espace de quelques jours, elle a pu oublier la dureté de la vie quotidienne. Une partie des nécessiteux a reçu un colis de vivres et jusqu’à mercredi prochain, l’illusion du bonheur sera là. Mais la réalité reviendra très vite, et il sera toujours temps de revenir sur terre.
La fête avant les dures épreuves du mois de janvier
L’image de la famille présidentielle se mêlant à la foule d’Antaninarenina a fait le tour des réseaux sociaux. Elle a suscité de nombreux commentaires, certains très élogieux, d’autres plus sarcastiques. Le chef de l’Etat a réussi à donner à la foule venue sur place le sentiment de partager son bonheur. Comme le suggère un de nos articles, c’est une grande première et ce Noël restera dans les annales. Mais certains commentateurs y voient surtout un formidable coup de communication. Ils disent qu’il fut mené de main de maître par un spécialiste de l’événementiel. Les interpellations faites par les opposants et les syndicalistes ont été occultées par les manifestations de joie des familles éblouies par le magnifique spectacle qui leur a été offert. Les appels à une marche vers le palais de Justice d’Anosy ont peu de chance d’être entendus dans le climat d’euphorie actuel. Ce d’autant plus que le préfet a rejeté la demande d’autorisation. La trêve continuera donc jusqu’à jeudi prochain. Le retour à la réalité ne sera que plus dur. Les lampions seront alors éteints et les lendemains de fête seront amers. Il faudra se rendre compte de l’effectivité de la hausse du coût de la vie. L’augmentation des prix des denrées alimentaires a lieu en ce moment, mais elle semble passer inaperçue. L’effet anesthésiant de la fête permet de supporter le choc. Le mois de janvier s’annonce particulièrement dur cette année. Ce sera dans une semaine et il faudra faire preuve de beaucoup de courage pour l’affronter.
Patrice RABE