
Le peintre Jean Nirina Razafindralambo et le poète-comédien exposeront leurs œuvres pendant 20 jours à la Galerie indigo à Antsiranana. Le vernissage aura lieu ce jour, et l’exposition ne se termine que le 4 février prochain.
Dix tableaux seront présentés lors de l’exposition. Le chamane maternel, La banane cornue, Velo et Ietse, La musique sans note, Le choc des titans, Nous sommes car vous n’êtes plus, Derrière le masque, La Mère anthropophage, Le bon roi asservi et La danse de Lahimahery contiendront les strophes de Cerveau Rakotoson. « Les couleurs et les lignes de forces que le peintre Jean Nirina Razafindralambo sont pour moi comme des notes mélodieuses de la musique qui guide les pas du danseur dans sa chorégraphie … Sauf que dans ce cas de figure, les courbes et les lignes deviennent des mots , à la croisée des chemins. D’ailleurs, peinture ou écriture, les deux sont générées par les émotions, et se doivent d’en générer autant que possible. L’art est une porte ouverte vers le rassemblement, c’est un élément fédérateur… Tout le monde ne réagit pas pareil face à une œuvre, et c’est cette liberté qui fait la magie de l’art. L’artiste n’est ni gourou, ni maître, c’est juste un humain qui partage autrement ses émotions. A la croisée des chemins, quand la peinture rencontre l’écriture », a-t-il déclaré. En fait, c’est la première fois que ce poète-comédien et le peintre Jean Nirina Razafindralambo travaillent ensemble. Dessinateur au début de sa carrière, il plonge dans la peinture à la première moitié de l’année 2000. Le « rouge et le noir » est le thème choisi par l’artiste.
Mélange de couleurs. Qualifié comme la plus chaude de toutes les couleurs, le rouge est signe de passion. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est associée à l’amour. Dans une pièce à l’ambiance romantique, le rouge est la couleur de peinture la plus présente. Cette couleur réveille des sensations fortes. Mais si elle est signe d’amour, elle est souvent associée au diable, sans doute à cause du sang qui est lui-même rouge. Le rouge pur peut parfois être trop écrasant, il convient de le marier avec une autre couleur plus tendre, ou alors de le tempérer pour obtenir un rouge plus sombre, et donc plus élégant. Quant à la couleur noire, elle est associée au deuil, à la tristesse et au désespoir, à la peur et à la mort. Représenté par les tenues des prêtres et des religieuses, il fait également échos à l’autorité, à l’austérité et à la rigueur. Toutefois, le noir offre également un autre visage, associé à l’élégance et à la simplicité. Peut-être, justement, car le noir se veut dans un second temps une couleur neutre, qui n’exprime pas à proprement parler de sentiment passionné. Primaire et basique, mais de cette simplicité sans superflu qui forge les lames les plus affutées et qui touche le cœur le plus insensible … Toucher au vif, toucher en bien, toucher le point insensible de l’âme nécrosée ou rendre plus vivace celles qui étaient déjà ouvertes aux sublimes transmissions de ses pairs
Dans son texte, Cerveau Kotoson considère ces couleurs comme des pigments symboliques. « Un rouge, un noir… à qui serviront–ils? A ceux qui sont daltoniens émotionnels, sinon de réveiller en eux d’autres fleurs de passions ? Un seul objet, plusieurs points de vue… Différentes entités, une seule exposition, plusieurs visiteurs …Ou potentiels acheteurs qui savent que le talent de l’artiste n’a pas de prix, seul une infime partie des matières qu’il a utilisées peut être chiffrée par voie de consensus ».
Le troisième art commence à être apprécié à Antsiranana. Depuis une décennie, les jeunes Diégolais s’intéressent de plus en plus à la peinture. De ce fait, la galerie Indigo, tenue par Dominique Heiss reçoit des expositions en tout genre. Et cette philosophie de partage artistique, personnellement, me convient. Ce n’est pas parce que ce n’est pas habituel que ce n’est pas utile. D’ailleurs, les collaborations entre artistes et propriétaire de galerie sont parmi les leviers de promotion de l’art et de la culture. Un point d’ancrage et de repère, un lieu de rencontre et de découverte de soi, des autres et de leurs talents, de partage et d’expression.
Iss Heridiny