
Une musique baignée d’espoir pour Fanaiky a raisonné jusqu’aux portes des dieux du jazz vendredi soir au CGM Analakely. Le « Tolotanana ho an’i Fanaiky » en valait le détour.
Une fête de la vie, c’est ce qui résumerait la soirée de vendredi soir au CGM Analakely pour le « Tolotanana ho an’i Fanaiky ». Sur scène, un mélange de jeunesse et de musiciens aguerris a enflammé une salle comble. « Fanaiky, c’est un artiste précurseur, parmi ceux qui ont ouvert les portes du monde aux artistes malgaches », reconnaît Sanda Ranaivosoa, parmi les meilleurs guitaristes du moment. Tandis qu’en coulisses, Rija Ramanantoanina patiente sur une chaise. Pour cette soirée, il a joué le rôle d’animateur.
Dans la salle se trouvaient des artistes de divers domaines, amis de Fanaiky. Il y avait aussi des mélomanes, des jeunes musiciens en herbe, des familles… En somme, des gens venus pour vraiment soutenir le bassiste de génie, atteint d’une grave maladie actuellement. Dernièrement contacté au téléphone sur l’évolution de son état, Fanaiky a affirmé que son cas est plus qu’urgent. « Je dois faire une dialyse tous les jours, et c’est dur de subvenir à ce traitement. Tandis qu’à côté, nous devons trouver les moyens pour assurer ma greffe de rein », a-t-il mis en lumière.
Inspirant et inspiré. Sur scène, moment intense, « Fanaiky a tellement apporté à la musique malgache, jusqu’à forcer le respect des artistes étrangers. Le groupe Sixun a alors créé une chanson à son honneur intitulée ‘Fanaikiki’ ». Sur la scène du CGM, le morceau a été interprété par une troupe dans laquelle se trouvait Seta, le saxophoniste et Sanda Ranaoivosoa. Un jazz pétillant comme la personnalité du membre fondateur du fameux groupe Solomiral. Plusieurs formations se sont alors succédé. Bandy Baraka Fanfare a impressionné par sa maîtrise, même pour les petites saxophonistes à peine plus grandes que leur instrument.
Icanto a assuré une prestation lisse, bien ajustée. Une démonstration technique de haute voltige musicale, sans pouvoir par ailleurs aller au-delà. Avec Quatuor Squad, c’était tout simplement une évasion presque lyrique, tant la maîtrise des musiciens était impeccable. Un spleen transcrit dans la complicité de l’ensemble. LMM Quartet, BBK et Samy Andriamanoro ont complété le tableau. Entre les chansons, une boîte de collecte de fonds circulait à travers le public. Il faut préciser que la soirée était gratuite.
Le compte à rebours est donc lancé, Fanaiky a plus que jamais besoin d’une transplantation de rein cette année. Sa santé lui permet encore d’avoir le moral au beau fixe. Toutefois, nul ne sait jusqu’à quand. « Une greffe est l’unique solution », selon toujours ce patrimoine de la musique malgache. Ces derniers mois, les concerts pour le soutenir et les collectes de fonds se multiplient. D’Antananarivo, à Diego-Suarez, de Fort-Dauphin à Tuléar… les artistes des quatre coins du pays se sont impliqués. Et même ceux de l’étranger.
Maminirina Rado