Les autorités minières ont intérêt à réussir le bouclage du nouveau code minier afin de donner au pays une meilleure attractivité.
Ambatovy pour le nickel et le cobalt, Rio Tinto QMM et Base Toliara pour l’ilménite. Ce sont principalement les trois grands investissements miniers opérés à Madagascar. Et encore, ces trois compagnies, que l’on peut qualifier de « majors », rencontrent à leur niveau respectif un certain nombre de problèmes.
Faible impact. Preuve que le secteur de la grande mine est encore loin de jouer son rôle dans le développement économique de Madagascar. Et ce, malgré un potentiel naturel très riche. En effet, en l’espace de 50 ans, l’impact des mines sur l’économie demeure encore faible puisqu’elles ne représentent encore que moins de 5% du PIB. À l’origine de cet échec de la filière mine se trouve bien évidemment cette absence manifeste d’attractivité. La preuve, Madagascar ne se trouve même pas dans le classement des 10 pays africains les plus attractifs. Actuellement, les autorités s’efforcent à ce qu’il y ait finalement cette attractivité, en préparant le projet de nouveau code minier. Une démarche qui bute cependant sur un certain nombre de problèmes. Notamment au niveau de la préparation du projet de nouveau code minier qui fait actuellement l’objet d’une consultation des parties prenantes dont les organisations de la société civile concernées par le secteur minier.
Désert industriel
En tout cas, de l’avis des opérateurs miniers, les autorités ont intérêt à réussir ce nouveau code minier pour attirer davantage les investisseurs miniers et éviter, ainsi, le syndrome du désert industriel en ce qui concerne l’industrie minière. En effet, ce ne sont pas les trois grandes exploitations existantes (Ambatovy, QMM et Base Toliara) qui feront de Madagascar, un grand pays minier. De l’avis des spécialistes du secteur, il faudrait au moins une dizaine de gros investissements minier générant chacun pas moins d’1 milliard de dollars pour que le secteur puisse enfin jouer son rôle dans la relance économique. Or, en l’état actuel des choses, l’on relève pas mal d’anomalies dans la gestion du secteur par les services publics. En matière de taxation par exemple, il s’avère aberrant, selon les industriels miniers que l’on perçoive des redevances auprès des détenteurs de permis de recherche et de qualifier de spéculateurs les personnes qui demandent ces permis. « Les autorités étatiques ont tendance à oublier que la venue des gros investisseurs miniers dépend de la compétitivité et de l’attractivité du pays » affirme un opérateur minier en ajoutant que « la gestion de la filière ne se limite pas à l’aspect fiscal »
Fuite des capitaux
Or, c’est visiblement cette question de recettes fiscales qui est priorisée par le ministère des Mines qui parle par exemple de ce fameux partage de production du cycle minier sur 40 ans. Certes avec ce partage de production de 20% couplé avec des redevances estimées entre 4% et 8%, l’Etat peut faire des milliards de recettes, mais le système concocté dans le nouveau code minier aura pour impact de grever excessivement la trésorerie des entreprises minières qui devront ainsi débourser entre 24% et 28% de leur chiffre d’affaires. Du coup, avec l’absence d’une rentabilité que provoquera ce projet de taxation exorbitante, l’on assistera probablement à une fuite des capitaux miniers. Pouvant ainsi faire de Madagascar, un pays à éviter pour les gros investisseurs miniers. Un risque à ne pas prendre à la légère quand on sait que la Grande Ile ne figure même pas dans le premier rang des pays africains à bonne attractivité minière. En effet, dans le dernier classement de Fraser Institute Madagascar qui n’est même pas dans le top 10, figure parmi les mauvais exemples en termes d’attractivité du secteur minier. Le pays qui est potentiellement riche en la matière mérite mieux.
R.Edmond.