
« Le meilleur des enseignements est celui qui n’endoctrine pas », disait le philosophe polonais, Szczepan Yamenski. L’enseignement français pendant la colonisation en était l’opposé. Il était un moyen pour l’administration coloniale d’adopter une politique assimilationniste. A l’aube du XXe siècle, l’empire colonial français implante des écoles dans ses colonies. Le but de l’éducation est de faire des indigènes des citoyens de seconde zone.
A Madagascar, l’école régionale d’Ambositra est une institution reconnue pour la « qualité de son enseignement ». A l’époque, l’objectif de cet établissement figurait dans l’arrêté du 16 avril 1899, « faire des jeunes malgaches des sujet fidèles et obéissants à la France […]. Donner à l’enseignement un caractère industriel, agricole et commercial de manière à pouvoir procurer aux colons et aux divers services des collaborateurs ». Ainsi, les écoles régionales sont implantées aux quatre coins de la Grande Île afin de pouvoir contrôler la jeunesse indigène.
D’après l’historien Ny Rina Harintsoa Rahaingomalala, « le 24 mars 1903, l’administration coloniale décide de construire une école régionale à Ambositra […]. Cette école est un outil de consolidation de la colonisation, d’une part, et une source de promotion pour la société indigène, d’autre part ». L’école régionale d’Ambositra, depuis sa création, a été constituée de deux grandes sections : l’enseignement général et la formation professionnelle. Pépinière de fonctionnaires auxiliaires, cette institution a permis aux habitants des régions de profiter d’une certaine ascension sociale. Ainsi, elle accueille des étudiants des autres régions. Et la plupart des sortants de cette école sont devenus des élites. Néanmoins, la plupart d’entre eux sont des loyalistes, ceux qui se rangent du côté des colonisateurs. D’ailleurs, ils sont formés pour donner l’exemple à leurs compatriotes et leur donner l’idée que l’éducation française est la clé de la réussite !
L’école implantée par l’administration coloniale n’est pas la seule à assurer l’éducation des jeunes d’Ambositra. Selon l’historien Ny Rina Harintsoa Rahaingomalala, « l’école régionale d’Ambositra est en concurrence avec les écoles confessionnelles, elles qui ont déjà une avance d’une trentaine d’années en matière d’enseignement. Parmi ces écoles missionnaires, l’école Benjamin Escande de la mission protestante est la principale rivale de l’école régionale ». L’administration coloniale ne cache pas son inquiétude face à cette situation. Elle va mettre les écoles privées en difficulté. La laïcisation du gouvernement de Joseph Simon Gallieni, et l’arrivée du « grand laïc », Victor Augagneur, engendrent une légère décadence au niveau des écoles privées confessionnelles.
Les années 1940 ont vu la montée du nationalisme qui était d’actualité dans les colonies, en général, et à Madagascar, en particulier. A Ambositra, un affrontement idéologique est inévitable. Les élites issus des deux écoles s’opposent. Si la plupart des anciens étudiants de l’école régionale sont pro-colons, ceux des écoles confessionnelles deviennent nationalistes. Les premiers sont des auxiliaires, les seconds sont devenus des contestataires.
Iss Heridiny