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mardi, juillet 8, 2025
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Pire classement de Madagascar depuis 2012 : Indice de perception de la corruption

Ketakandriana Rafitoson de Transparency International – Initiative Madagascar, lors de son exposé sur le cas de Madagascar.

Alors que l’État prône une tolérance zéro contre la corruption et a l’ambition de réaliser un score de 50/100 à l’IPC d’ici 2025, des mesures drastiques doivent être prises pour joindre les actes aux paroles.

Transparency International est connu ou reconnu, c’est selon, comme étant une référence en matière de lutte contre la corruption, et ce, par le biais, de l’Indice de perception de la corruption (IPC). Parallèlement au lancement de l’IPC 2019 au niveau mondial, Transparency InternationalInitiative Madagascar, désormais abréviée par « TI-MG » ou « TI-IM », a dévoilé les résultats-pays hier à l’hôtel Carlton Anosy. Soulignons que l’IPC note 180 pays et territoires selon leurs niveaux perçus de corruption dans le secteur public, en s’appuyant sur treize évaluations d’experts et enquêtes menées auprès des chefs d’entreprises. Cet indice utilise une échelle de zéro (fortement corrompu) à 100 (très peu corrompu).

Tendance radicalement inversée. Selon TI-MG, Madagascar réalise un score de 24/100, soit un recul d’un point par rapport au score réalisé en 2018 (25/100) ; huit points de moins qu’en 2012, date de la révision méthodologique opérée par l’IPC ; et un score inférieur à la moyenne du continent africain (32/100). Le pays se place au 158e rang sur les 180 pays étudiés, dépassé d’un point par rapport à 2018 par l’Azerbaïdjan, le Cameroun, le Tadjikistan, le Mozambique, l’Ouzbékistan et l’Angola. Il en ressort que c’est le pire score réalisé par le pays depuis le changement méthodologique du calcul de l’IPC opéré en 2012, à égalité avec 2017. C’est également le pire classement de Madagascar depuis la création de l’indice révisé en 2012. De plus, en 2012, le score de Madagascar à l’IPC était meilleur que celui des Comores et du Mozambique. En 2019, cette tendance est radicalement inversée. Toujours est-il que sept sources de données indépendantes ont été utilisées dans le calcul du score malgache de l’IPC 2019, à savoir le World Economic Forum EOS ; le World Bank CPIA ; le Global Insight Country Risk Ratings ; le Bertelsmann Foundation Transformation Index ; l’African Development Bank CPIA ; le World Justice Project Rule of Law Index ; le PRS International Country Risk Guide ; ainsi que le Varieties of Democracy (V-Dem) Project.

Mauvais score. Techniquement, le recul d’un point de Madagascar peut être imputé non seulement au mauvais score réalisé par le pays au WJP Rule of Law Index (16 en 2019 contre 19 en 2018), qui traduit donc un recul de l’État de droit ; mais aussi à l’intégration du score du World Economic Forum EOS dans le panel de sources de l’IPC, avec un score également défavorable pour le pays (17/100) en 2019. Au vu de ces chiffres, le pays devrait revoir sa politique concernant la lutte contre la corruption. TI-MG d’enchaîner que le score de Madagascar et son recul d’un point sur l’IPC 2019 s’expliquent par le manque d’intégrité politique qui prévaut dans le pays. Les problèmes récurrents auxquels le pays fait face mettent en lumière le manque de transparence et de redevabilité politique. Citons entre autres l’opacité des sources de financement politique, qui constitue un frein à la construction d’une relation de confiance entre politiciens et citoyens, et qui ouvre la porte aux financements illicites. L’année 2018, année de référence de l’IPC 2019, a été une année électorale caractérisée par les dépenses de campagne faramineuses, aux sources souvent opaques, réalisées par les principaux candidats aux présidentielles. Le non-plafonnement des fonds de campagne, ayant accentué les inégalités des chances entre compétiteurs politiques et favorisé l’augmentation exponentielle des risques de corruption électorale et d’achats de vote ; ainsi que la non-publication des déclarations de patrimoine des élus ont constitué un manque flagrant de transparence envers des électeurs/administrés qui n’ont pas pu vérifier la probité des élus.

Recommandations. Et comme à son habitude, Transparency International – Initiative Madagascar n’a pas manqué d’apporter ses recommandations. Ainsi, pour réduire la corruption et restaurer la confiance des Malgaches vis-à-vis de la sphère politique, TI-MG recommande en priorité au gouvernement, entre autres, de renforcer le système de redevabilité et de promouvoir une réelle séparation des pouvoirs. Les pressions politiques d’ordre administratif exercées sur les magistrats dans le traitement des contentieux électoraux doivent en particulier être bannies des pratiques, et les coupables de tels agissements, sévèrement sanctionnés. S’attaquer au traitement préférentiel pour assurer que les budgets et les services publics ne soient pas motivés par des relations personnelles ou orientés par des intérêts particuliers. Réglementer et contrôler le financement politique pour éviter un excès d’argent et d’influence en politique, et faire en sorte que les déclarations de patrimoine des élus et de l’ensemble des dirigeants politiques soient accessibles au public pour un meilleur contrôle citoyen de l’exercice du pouvoir.

Concernant le classement mondial de Transparency International, le Danemark et la Nouvelle-Zélande sont les pays les moins corrompus. Ils sont à égalité avec un score de 87 points. La Somalie termine la liste des 180 pays, créditée de seulement 9 points.

Recueillis par Dominique R. 

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