
La crise alimentaire dans le Sud de Madagascar, résultant du changement climatique à l’origine de la sécheresse persistante, figure en tête des crises humanitaires les moins visibles dans la presse dans le monde en 2019.
Parmi toutes les crises humanitaires existantes dans le monde, en 2019, celle du Sud de Madagascar arrive en tête de celles qui sont les moins médiatisées. Une crise humanitaire « oubliée », en somme, étant peu visible dans la presse. C’est ce qui ressort du rapport de l’ONG CARE International, publié récemment. La crise alimentaire causée par la sécheresse dans le Sud de Madagascar est ainsi la moins relatée dans les médias avec seulement 612 articles de presse durant l’année 2019. A l’opposé, la crise humanitaire causée par le conflit syrien a été traitée dans la presse à travers 450.000 mentions dans la presse. En seconde position des crises humanitaires « oubliées » figure le conflit en République Centrafricaine qui comptabilise 976 articles, et la Zambie, frappée par le changement climatique.
Récurrence. Ce rapport de l’ONG CARE International intitulé « Suffering in silence », résulte d’une analyse de traitement médiatique des crises humanitaires de grande ampleur. C’est la 4e année consécutive que l’ONG publie ce rapport. Analysant la presse anglophone, francophone et germanophone, l’ONG a élargi pour l’année 2019 son analyse, en incluant la presse espagnole et arabe. Ainsi, plus de 2.4 millions d’articles en ligne ont été analysés au total, dans cinq langues différentes. Durant ces quatre années, il a été constaté une récurrence des résultats : neuf crises incluses dans le top 10 concernent le continent africain? tandis que six ont déjà figuré au moins deux fois dans le classement.
Changement climatique. A Madagascar comme en Zambie, ou encore au Kenya, les crises humanitaires causées par les impacts du changement climatique constituent la majorité des crises recensées dans le rapport. Le lien est clairement établi entre les impacts du changement climatique comme la diminution des ressources naturelles, ou l’augmentation des événements météorologiques extrêmes, et la complexité des crises humanitaires, lesquelles s’installent aussi dans le temps. « Partout dans le monde, les citoyens se mobilisent pour exhorter leurs gouvernements à agir face à l’urgence de la crise climatique. Si les médias relaient ces mobilisations, les crises humanitaires engendrées par le changement climatique dans les pays du Sud font quant à elles rarement la Une. Or, montrer que le changement climatique frappe de plein fouet des millions de personnes déjà très vulnérables, est vital pour inciter les Etats à mobiliser des financements à la fois pour leur venir en aide, mais aussi pour mieux les préparer. C’est une question de justice climatique », interpelle Fanny Petitbon, experte climat de l’ONG CARE. « Lors d’une crise humanitaire, la couverture médiatique est un enjeu primordial : cela permet non seulement d’alerter sur la situation, mais aussi de mobiliser la générosité du public, essentielle pour nous permettre d’agir, et surtout d’inciter les décideurs politiques à se mobiliser. Le manque de visibilité a un impact direct sur le soutien financier alloué à ces crises et la majorité de celles figurant dans notre classement sont sous-financées. Choisir de traiter ou non un sujet lors d’une conférence de rédaction peut réellement jouer un rôle décisif ! », conclut, pour sa part, Philippe Lévêque, directeur de CARE France.
Hanitra R.
Le top 10 des crises humanitaires les moins médiatisées
Madagascar – Le changement climatique, provoqué par l’homme, a entrainé une sècheresse qui affecte plus de 2.6 millions de personnes.
- République centrafricaine – Forcées de fuir les conflits qui secouent le pays, environ 2,6 millions de personnes ont désespérément besoin d’une aide humanitaire.
- Zambie – Face au changement climatique, environ 2,3 millions de personnes dans le pays ont un besoin urgent d’aide alimentaire.
- Burundi – Dans un contexte d’’instabilité politique et de grande pauvreté, 1,7 million de personnes luttent pour nourrir leur famille.
- Érythrée – Victime de la sécheresse et des conflits armés, la moitié des enfants de moins de cinq ans souffre d’un retard de croissance dû à la malnutrition.
- Corée du Nord – Derrière les portes closes : la faim. Dans le pays, on estime qu’environ 10,9 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire pour répondre à leurs besoins en matière de nourriture, de santé, d’eau, d’assainissement et d’hygiène.
- Kenya – Pris au piège des inondations et des sécheresses, plus de 1,1 million de personnes se couchent le ventre vide et plus de 500 000 enfants souffrent de malnutrition.
- Burkina Faso – Déplacements forcés, malnutrition, insécurité… 5,2 millions de personnes – soit plus d’un quart de la population – souffrent de l’escalade de violence dans le centre du Sahel.
- Éthiopie – Catastrophes climatiques, faim, déplacements forcés, ce cercle vicieux impacte des millions de personnes en Ethiopie : environ 7,9 millions de personnes souffrent d’un niveau élevé de malnutrition.
- Bassin du lac Tchad –Impactées par le conflit armé, les déplacements forcés et la faim, près de 10 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire pour vivre.