« Alvin Brown Beat ! » on entend souvent cette voix dans les “riddim” des grands artistes, aussi bien malgaches qu’étrangers ! Mais personne ne le connaît vraiment ! Pourtant, ce monsieur est bel et bien malgache. Steven Francisco de son vrai nom, a composé des mélodies pour beaucoup d’artistes, venant des quatre coins de la planète. Pourtant, son nom n’est pas connu. Son nom n’est pas associé aux meilleurs “beatmakers” malgaches.
Les artistes hollandais, anglais, français et africains travaillent étroitement avec ce jeune malgache de 25 ans. De célèbres raggaman comme Popcaan, Vybz Kartel ou encore Jahyanai King l’ont directement contacté, après avoir découvert le talent de ce malgache, né à Nosy-Be Hell-Ville. En effet, son talent n’est pas dû au hasard. Stevens Francisco est bercé par la musique depuis ses six ans. Fils du chanteur de salegy Francisko, il s’est vite familiarisé à la cadence tropicale. « J’accompagnais tout le temps mon père à ses concerts », se souvient-il. Mais si son père pratique la musique traditionnelle, lui préfère un tout autre style musical, le rap. Compréhensif, le père d’Alvin Brown soutient son fils, même si celui-ci n’est pas vraiment un adepte du rap.
Au départ, c’était « Fruity Loops ». Alvin Brown a fait ses études dans sa ville natale jusqu’à ses 18 ans. Il a ensuite quitté Hell-Ville pour poursuivre son cursus scolaire dans la capitale malgache. Alvin débarque aux 67 ha. Sa passion pour la musique ne cesse de grandir. Et 67 ha, un quartier tapageur de la capitale, était sa source d’inspiration. Durant son séjour à Tana, le jeune Nosy-béen a découvert bon nombre de choses, notamment l’existence des logiciels de musique. « J’ai découvert FL Studio par hasard chez un ami de ma sœur. A l’époque c’était FL studio 5. J’ai tout de suite accroché même si je n’y comprenais rien. Je l’ai donc installé chez moi. Je lançais le logiciel de temps en temps mais je faisais n’importe quoi. J’ai encore des fichiers qui datent de 2008. Quand je les ouvre, je me demande comment ma famille faisait pour supporter ce que je faisais. Avec le temps, j’ai appris que certains de mes amis avaient déjà FL Studio, comme Odyai à l’époque ». Le jeune homme évolue. Il compose plusieurs titres mais reste anonyme.
Vie houleuse. En 2012, pendant que Madagascar s’enfonçait dans une crise, Alvin décide de quitter le pays pour aller vivre à La Réunion et y poursuivre ses études en sciences et technologies de l’industrie et du développement durable. Après avoir décroché son bac, Alvin ne trouve pas d’emploi. Désespéré, il s’engage dans l’armée française et part en France en 2016. « Je vivais dans une pièce avec mes six camarades de l’armée », témoigne-t-il. Après six mois, il quitte l’armée pour voir d’autres horizons. « Franchement, c’était bien comme métier, mais c’est sur que ce n’était pas fait pour moi. Je voulais vivre ma passion ».
Le succès. En 2017, il se remet à composer des mélodies et les publie sur internet. Beaucoup de chanteurs sont impressionnés. Dès lors, il reçoit des appels de grands artistes dont la plupart sont Jamaïcains. A Madagascar, Jaovavy s’est fait connaître grâce à ses compositions. En 2019, il travaille avec Niu Raza en composant Miovaova. Cette année, Alvin Brown compte conquérir davantage le cœur des jeunes malgaches. « On pense que je ne suis pas malgache. Les artistes malgaches me parlent en anglais et cela m’étonne. Je constate que je ne suis pas connu dans mon pays natal », déclare t-il.
Iss Heridiny