Une nouvelle ère s’ouvre pour le football malgache, qui vient d’organiser une conférence nationale afin de mieux cerner les problèmes, et de proposer des solutions. C’est du moins la teneur des concertations qui se sont tenues les 28 et 29 janvier au Mining Business Center à Mandrosoa Ivato. Voire bien avant, car tout est parti avec les douze membres du comité de pilotage. Il y a eu ensuite cette descente dans les sept grandes villes malgaches, pour réunir les férus de cette discipline autour de la manière d’aider au mieux le football. Parallèlement, la Fédération malgache de football (FMF) a utilisé les réseaux sociaux pour recueillir l’avis de tout un chacun, avec un réel succès car les posts ont récolté plus de 3 000 vues.
Toutes ces propositions ont été débattues par les 170 personnes issues des quatre coins de l’île, qui se sont réunies à Ivato pendant deux jours.
Un succès selon le président de la FMF Arizaka Rabekoto Raoul, qui a le mérite d’avoir réussi à tenir une conférence nationale. Une première conférence nationale inclusive en fait, et les résultats ont montré qu’il fallait le faire, car rien ne vaut plus que l’avis du plus grand nombre. « C’est à nous de les mettre en pratique », confiait Arizaka Rabekoto Raoul, qui se réjouit aujourd’hui d’avoir un document stratégique opérationnel de référence avec, cerise sur le gâteau, l’engagement de toutes les parties prenantes.
« Le football est plus qu’un jeu », aime à répéter le président de la FMF, qui rappelle que le football engendre une grande fierté nationale, comme on l’a vécu après cette qualification, encore faut-il le dire, historique des Barea en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2019, en Egypte.
Notre dossier du jour revient donc sur les principaux axes débattus au cours de cette conférence nationale sur le développement du football.
Bonne gouvernance
Pour espérer aller plus loin, la gestion du football à Madagascar se doit d’être transparente. Une bonne gouvernance nécessite forcément le renforcement des contrôles. D’où la mise en place dans les meilleurs délais d’un système de suivi et d’évaluation. Mais bien avant cette mise en place, les participants à la conférence nationale demandent une mise à jour des textes régissant le football à Madagascar, ainsi que les associations sportives. Le tout en garantissant une totale transparence avec toutes les parties prenantes.
Le but recherché est la promotion de l’image du football à Madagascar, avec plus de visibilité et donc de crédibilité. Une mission certes difficile mais pas impossible, pour peu qu’on s’implique pleinement sur la carte transparence, en dévoilant les noms des responsables à tous les niveaux, mais également en publiant les accords de crédits et autres sources de financement, ou encore les dotations en matériels émanant de la Confédération africaine de football ou de la FIFA.
Cela rendrait plus facile l’arrivée des partenaires financiers appelés à s’impliquer davantage dans le développement du football. De nombreuses sociétés ont été nommément citées à Ivato, telles Sheritt Ambatovy, QMM ou Toliara Sands, pour apporter leur soutien, même au niveau local. La force de cette bonne gouvernance repose sur l’établissement d’un plan de communication, et nécessite donc une mission confiée à des professionnels du métier.
Infrastructures
L’insuffisance des infrastructures a été au centre de toutes les discussions à la conférence nationale sur le développement du football. Pire, certains participants ont dénoncé les agissements de certaines communes qui ont transformé leur terrain de football en marché. Dans d’autres communes, les terrains sont devenus la chasse gardée des organisateurs de spectacle. Dans la foulée, les participants ont demandé à avoir des infrastructures pérennes et communautaires avec une cogestion de la commune et des sections ou ligues. Le président de la République a d’ailleurs envoyé une première réponse en acceptant de construire ou réhabiliter trente stades de football. Les travaux ont déjà commencé. Mais la finalité est d’investir dans la construction d’une académie de football de haut niveau en harmonie avec la participation de l’Etat. Il a également été convenu d’investir dans les équipements informatiques de qualité, afin de mettre en place une base de données sur le football, voire un tableau d’informations organisé et structuré.
Culture d‘excellence
En parlant de la culture d’excellence au cours de cette conférence nationale, le but avoué est d’assurer la compétitivité au niveau régional et international. Un objectif qui exige une meilleure qualité de l’encadrement des éducateurs et des entraîneurs. La mise en valeur des meilleurs joueurs et joueuses permet de créer en interne, un climat propice au dépassement de soi. Les débats à la conférence nationale ont également mis en avant l’insuffisance des matches avant les compétitions africaines au niveau des clubs. Les participants ont alors proposé la création d’une division élite de 20 équipes, c’est-à-dire bien plus que celle de la Pro League à 12 clubs, avec un système aller et retour, comme dans les grandes compétitions européennes. L’excellence en question ne peut être dissociée de la prestation des arbitres ,d’où la nécessité de les former. A long terme, il s’agit de multiplier les compétitions de haut niveau pour permettre aux joueurs d’avoir plus d’expériences. C’est ainsi que nos Barea pourront progresser. L’excellence reste le fruit d’un travail de longue haleine, nécessitant la participation de tous les acteurs du développement de notre football.
Développement du football de base
Comment développer le football dans son ensemble et repartir sur de bonnes bases ? C’est la question abordée par les 170 participants au Mining Business Center. Un sujet très intéressant où tous les avis s’accordent, à dire qu’il faut d’abord développer le football en milieu scolaire, sans pour autant délaisser les organisations privées dans les écoles de football et les fokontany. Bref, tout le milieu qui tourne autour des compétitions dans toutes les catégories d’âge, allant des moins de neuf ans aux moins de dix-sept ans. Le but avoué est de rendre le football accessible à tous, avec l’implication étroite des ligues et des sections. C’est presque à l’unanimité que les participants ont demandé une collaboration avec le ministère de l’Education Nationale pour remettre sur pied l’Organisation du Sport Scolaire et Universitaire de Madagascar (OSSUM), qui est restée un vivier des meilleurs éléments de l’équipe nationale de l’époque.
Dans la foulée, certains ont souhaité le retour du projet « Grassroots » grâce auquel, les entités concernées peuvent bénéficier d’une dotation conséquente en matériels tels ballons et plots, ainsi que les chasubles d’usage. Des produits de luxe pour certaines régions de l’île. Le développement du football de base est indissociable d’un plan de formation de toutes les catégories d’âge, incluant en filigrane l’existence d’un encadrement qualifié, avec au bout, la mise en place de centres de formation. Ce qui suppose l’existence d’un autre plan pour sélectionner les meilleurs joueurs et joueuses de tout âge.
Dossier réalisé par Clément RABARY