A Madagascar, l’éducation et l’enseignement ont été négligés pendant plusieurs années. Jusqu’à aujourd’hui, le pays figure parmi les derniers dans ce secteur par rapport à ses voisins. Pourtant, depuis peu, la situation évolue grâce à la volonté des responsables au niveau du ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement technique et professionnel (MENETP), à l’engagement des partenaires, mais surtout à la prise de responsabilité du gouvernement. « Le PSE est en cours, et les différents projets qui le composent visent la scolarisation des enfants malgaches dans les meilleures conditions », a affirmé une source au niveau du MENETP.
Plan sectoriel de l’éducation (PSE) :
« Je tiens à clarifier la situation, il n’a jamais été question d’abandonner le PSE », nous a confié d’emblée la source auprès du ministère de l’Éducation. C’est surtout la mise en œuvre qui demande encore des améliorations, selon ce dernier. Et pour cela, il faut recueillir les avis de tous les acteurs dans l’éducation afin que ce programme puisse être bénéfique pour les enfants malgaches et qu’il réponde aux attentes de tout un chacun. À noter que le PSE ne concerne pas uniquement la modification du calendrier scolaire ou la formation des enseignants mais prévoit également de nombreux autres projets : la construction de diverses infrastructures, le recrutement du personnel enseignant, l’amélioration des conditions d’enseignement, l’équipement des établissements et bien d’autres encore.
Construction d’établissements scolaires respectant les normes :
Dans le cadre de la mise en place du PSE, la construction de 55 établissements scolaires est prévue, à savoir 33 écoles primaires publiques, huit collèges, six lycées et onze centres agricoles. La réalisation de ces projets devrait être effective d’ici à la fin de l’année. Les travaux de construction ont déjà débuté depuis peu. À Ambatondrazaka par exemple, toutes les infrastructures sont déjà en phase de finition, d’après les explications d’un responsable du MENETP. « Pour l’instant, nous avons réalisé la moitié des travaux, c’est-à-dire 25 des infrastructures prévues », a-t-il précisé. Et lui de continuer : « Ces écoles respectent les normes et ne ressemblent en rien aux établissements scolaires précédents. Le fait d’offrir aux enfants des infrastructures de qualité influe sur l’envie de ces derniers d’aller étudier. Ce qui nous permet d’instaurer la culture de l’excellence. » Et bien évidemment, toutes ces constructions requièrent un financement. C’est là qu’entrent en jeu les différents partenaires du MENETP. Outre l’apport de l’Etat malgache, la Banque mondiale, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), la Fondation Telma, la Bank Of Africa et bien d’autres encore contribuent, eux aussi, à l’amélioration de l’éducation à Madagascar. Tous les projets non réalisés en 2019 devront être terminés cette année, selon les estimations des responsables. « Tout se déroule comme prévu, il n’y a donc aucune raison pour que les objectifs ne soient pas atteints ».
Litige foncier entre le MENETP et « les particuliers » :
Le MENETP ne tolère plus la cession des terres destinées à la scolarisation des enfants malgaches à un particulier, qui qu’il soit. On se souvient de la polémique de l’année dernière relative au terrain abritant un établissement scolaire public à Analamahitsy. « Ce terrain a été restitué au MENETP », a confié notre source. Ce type d’incident ne risque plus de se reproduire car tous les terrains qui recevront les nouveaux établissements sont déjà sécurisés, c’est-à-dire affectés au MENETP. D’ailleurs, tous les litiges fonciers qui opposent le ministère à certains particuliers sont sur le point d’être réglés.
Du nouveau dans le contenu du programme d’études ou scolaire :
Côté programme, de nouvelles matières feront leur apparition à tous les niveaux, et surtout pour l’éducation fondamentale ou l’école primaire. Actuellement, experts internationaux et nationaux sont en pleine expertise sur le réajustement du programme scolaire. Education et développement durable, éducation financière, éducation à la vie en harmonie ou encore l’art font partie des quelques exemples qui intégreront le nouveau programme scolaire en cours d’élaboration. Pour la classe de seconde, un nouveau programme a déjà été établi et est appliqué au niveau national, selon notre source auprès du MENETP. Mais tout ceci demande différentes procédures très complexes, puisqu’il faut effectuer différents tests, former les enseignants, ajuster la mise en place, étudier la cohérence du programme pour chaque niveau et voir plusieurs autres paramètres. D’ici à trois ans, et progressivement, tout cela devrait déjà être opérationnel. Enseignants et élèves bénéficieront également de nouveaux manuels.
Enseignement privé :
Pour améliorer la qualité de l’éducation, il faut avancer ensemble. Ainsi, l’enseignement privé ne peut être écarté du PSE et de toutes cette nouvelle donne. Les nouvelles mesures s’appliquent également aux écoles privées dans tout le pays, même si ce secteur dispose de ses propres textes. Toutefois, l’Etat alloue annuellement des enveloppes à ces établissements pour garantir une éducation de qualité. Parmi ces allocations figurent la subvention aux enseignants privés (indemnité de craie) et l’allègement des charges des parents. L’importance de cet allègement trouve d’ailleurs tout son sens dans les régions reculées, où les frais de scolarité dans les établissements privés sont relativement bas, pour être en adéquation avec les moyens financiers des parents. « Pour l’exercice 2019, 34 600 enseignants dans le privé devront recevoir la subvention des enseignants privés. Ces enseignants exercent dans 6 000 établissements privés sur l’ensemble du territoire », a confié le responsable du ministère. Le traitement de cette subvention serait en ce moment en phase de clôture. Outre les subventions, le respect des normes par les établissements privés est une question sur laquelle le ministère a voulu se pencher. À ce sujet, le bilan de l’année 2019 fait état de quatre écoles fermées et dix ayant fait l’objet d’un avertissement. À noter que la loi interdit la fermeture d’une école au cours de l’année scolaire.
Avec tous ces beaux projets, il ne reste plus qu’à espérer que l’éducation contribue réellement au développement du pays en misant davantage sur la jeune génération. Le nouveau ministre de l’Éducation, Rijasoa Andriamanana, a du pain sur la planche. Mais avec de la volonté et le soutien de tous les acteurs, rehausser le niveau des enfants malgaches est possible.
Dossier réalisé par Anja RANDRIAMAHEFA