Le débat sur le projet de loi des retraites qui a lieu en ce moment en France devrait inspirer notre démocratie malgache. L’Assemblée nationale française est le siège de controverses pouvant paraître outrancières, mais permettant l’expression de toutes les sensibilités. La tournure prise par les discussions peut agacer, mais il s’agit de l’exercice de la démocratie. La loi sera certainement votée, mais tous les recours offerts par le règlement auront été utilisés pour empêcher son adoption.
Assemblée nationale : Un lieu d’expression de toutes les sensibilités
A Madagascar, les députés en session examinent des projets de loi qui sont au préalable passés en commission. Ces derniers émanent du gouvernement et les discussions sont de pure forme et sont votés par une majorité qui lui est favorable. Seule, la loi sur la violence basée sur le genre a suscité des discussions passionnées mais a été adoptée à l’unanimité. Le parlement malgache ne permet pas l’instauration d’un véritable débat d’idées entre une majorité favorable au régime et une opposition pouvant porter la contradiction . En France, le cadre de la démocratie est différent. L’Assemblée nationale est le siège de joutes oratoires parfois enflammées qui sont le reflet de l’opinion des citoyens , mais à la fin, le vote permet d’avaliser ou non les opinions exprimées. Cela est une réalité intangible. Actuellement , l’image du parlement est sensiblement écornée car le débat sur le projet de loi sur les retraites suscite une véritable polémique. Le dialogue entre la majorité et l’opposition n’est plus possible. Cette dernière approuvée par une partie de l’opinion, a décidé de s’y opposer et demande son rejet. La confrontation est à la limite du supportable. Pour le pouvoir, il s’agit d’une des grandes réformes du quinquennat et, elle doit être adoptée coûte que coûte. Tous les artifices réglementaires sont utilisés par les opposants pour l’empêcher. L’exercice de la démocratie est à ce prix. Notre système favorise plutôt la consensualité, mais il serait bon que notre Assemblée nationale ne soit pas qu’une chambre d’échos du pouvoir et qu’une opinion différente puisse s’exprimer.
Patrice RABE