Le centre d’écoute et de conseil juridique (CECJ) d’Ambovombe enregistre un taux assez élevé de violence économique envers les femmes.
Quarante-quatre femmes de plus de dix-huit ans se sont présentées auprès du centre d’écoute et de conseil juridique (CECJ) d’Ambovombe pour des cas de violences économiques perpétrées par leurs maris, conjoints ou concubins durant la période du 15 février au 30 avril 2019. Une situation qui se manifeste, dans la majeure partie des cas, par « le non-paiement de la pension alimentaire par les maris » d’après les explications de Faustin Fitahia, coordonnateur auprès du CECJ d’Ambovombe. Par ailleurs, la fréquence des cas serait également observée chez certaines victimes. “Il y a des femmes qui reviennent plusieurs fois pour le même type de violence”, lance Rasoanoro Lalaonirina Veromanitra, intervenante sociale auprès du même centre. Interrogée sur les éventuelles causes de la situation qui prévaut dans cette partie du pays, notre interlocutrice de noter « il y a les moeurs et culture. Une fois mariée, une femme ou une fille reçoit de l’argent de son mari. Une certaine somme qui doit être utilisée et fructifier, qui doit servir à entretenir le foyer mais également pour satisfaire des besoins spécifiques du couple. La violence économique commence dès cet instant parce qu’il arrive que l’homme ne donne plus d’argent à sa femme alors que c’est toute la famille entière qui en a besoin pour vivre ». La violence économique engendrerait celle physique si l’on se réfère toujours aux explications de l’intervenante sociale. Celle-ci d’expliquer « que la violence économique constitue également l’origine de la violence morale. Sans argent pour nourrir sa famille, la femme se retrouve, dans la majeure partie des cas, dans des situations délicates où elle est souvent qualifiée de mauvaise épouse dès que les difficultés surviennent », interpelle Vaha Anantsoa, mère de famille à Ambovombe.
Empowerment. Outre le poids de la culture, la dépendance à l’homme, plus particulièrement à ses sources de revenus, serait également la cause de la violence économique chez les femmes de l’Androy. Comme l’a confirmé Rasoanandrianina Aimée Philomène, intervenante économique auprès du CECJ d’Ambovombe : « c’est la question d’argent qui crée la discorde dans un foyer en général ». Cette intervenante sociale de soulever la nécessité pour les femmes de ne plus dépendre des revenus de l’homme pour changer la donne. Propos appuyés par sa collègue Rasoanoro Lalaonirina Veromanitra qui invite les femmes de l’Androy à s’auto promouvoir. «Quand une femme arrive à avoir des revenus par ses propres efforts, elle pourra non seulement faire vivre sa famille, mais sera affranchie des dérives de son mari », a expliqué l’intervenante sociale. Avant d’attirer l’attention sur les initiatives ayant comme objectif la promotion de la femme dans cette partie de l’île, Rasoanoro Lalaonirina Veromanitra a toutefois souligné la difficulté de cette entreprise. «Se débarrasser du poids de la culture en sera le plus grand défi. Il est plus facile pour la femme Antandroy de se plier à la culture que de passer outre les pratiques qui limitent son épanouissement ». Les défis seraient de taille pour convaincre les femmes d’Ambovombe de leur potentiel économique. La première étape serait la prise de conscience, chez la femme, de sa place dans toute la vie de sa famille, de sa région et de son pays.
José Belalahy