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mercredi, juillet 9, 2025
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Violences sexuelles sur des enfants : Les arrangements à l’amiable, une pratique à bannir !

Le Centre Vonjy de Toliara abritant tous les services de prise en charge médicale, psychosociale et judiciaire des enfants victimes de violences sexuelles.

Rien que durant le premier trimestre de l’année 2019, pas moins de 400 cas de violence sur enfants ont été enregistrés dans la région Atsimo-Andrefana par la DRPPSPF (Direction régionale de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la Femme), mais seulement 40 ont été référés à l’hôpital. L’ouverture du centre de prise en charge intégrée des enfants victimes de violence sexuelle, dénommé « Centre Vonjy », permettra d’améliorer la situation. 

« Osez dénoncer, et n’acceptez pas les arrangements à l’amiable, familiaux ou communautaires quand il s’agit de violences sexuelles sur des enfants ». En d’autres termes, briser la loi du silence, solliciter les services des autorités en cas de violences sexuelles sur enfants, et faire en sorte que les auteurs des violences soient traduits en justice, laquelle devra appliquer strictement la loi. Le discours était quasi-unanime hier à Toliara, où a eu lieu l’inauguration du « Centre Vonjy », un centre de prise en charge intégrée des enfants victimes de violences sexuelles, et qui couvrira la région Atsimo-Andrefana. Le représentant résident de l’UNICEF à Madagascar, Michel Saint-Lot, a clairement mis le doigt sur un fléau pourtant ancré dans les moeurs : l’arrangement à l’amiable. Une pratique à bannir, car bafoue les droits de l’enfant victime, et évite aux auteurs de tels actes d’être sanctionnés selon les lois en vigueur.

Et de cinq ! Ce Centre Vonjy de Toliara, sis au centre hospitalier universitaire de Tanambao, est la cinquième structure de ce genre, mis en place à Madagascar, après celle d’Antananarivo en 2015, de Toamasina en 2016 , de Mahajanga et Nosy Be en 2017. Comme pour les quatre autres, le Centre Vonjy de Toliara a également bénéficié de l’appui technique et financier de l’UNICEF. Dorénavant, les enfants victimes pourront avoir accès sur un même lieu, voire sous le même toit, aux services de prise en charge médicale, psychosociale et judiciaire, sans avoir à faire comme par le passé, des va-et-vient incessants pour voir un médecin, déposer plainte ou en faire le suivi. Un changement important dans le processus de prise en charge, si auparavant, les victimes et leurs familles sont découragées par les difficultés causées par l’éloignement de ces différents services et sont tentées d’abandonner en cours de procédure.

Des cas invisibles. La ville de Toliara et la région Atsimo-Andrefana, classées parmi les localités exposées au risque de violences sexuelles, comptent chaque année un nombre impressionnant de cas. Durant le seul premier trimestre de l’année 2019, la Direction Régionale de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la femme (DRPPSPF) a enregistré 400 cas de maltraitance et de violence envers des enfants, dont seulement 40 ont été référés à l’hôpital. Quant au Réseau de Protection de l’enfant (RPE), il a recensé et pris en charge 375 cas en 2019. Durant la même année, le service de la Police des mœurs et de protection des mineurs de Toliara a traité 31 cas de violence sexuelle sur des enfants. Autrement dit, de nombreux cas sont tus et demeurent de ce fait, invisibles. Le principe du filongoa reste encore une valeur importante au sein de la communauté de cette région, et constitue une résistance culturelle expliquant le défaut de signalement et l’arrangement à l’amiable, même en cas d’abus sexuels sur des enfants. S’y ajoute la méconnaissance du système de protection de l’enfant. Parmi les derniers cas qui ont fait grand bruit figurent celui d’un enfant de quatre ans victime d’abus par son grand-père et celui d’une jeune fille de 15 ans, victime de viol collectif perpétré par six hommes à Anteza, dans la commune d’Ankililoaka, suite à un différend opposant deux familles. Pour ce dernier cas en particulier, le ministre de la Sécurité publique, le Contrôleur général de Police, Randrianarison Fanomezantsoa Rodalys, également présent hier à la cérémonie d’inauguration du Centre Vonjy, de faire savoir qu’une enquête a été ouverte, menant à l’arrestation et à l’incarcération des six individus.

Problèmes graves. Outre le cas de violences sexuelles, la région Atsimo-Andrefana observe,par ailleurs, le deuxième taux le plus élevé du pays en matière de mariage précoce : près de 60% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Sachant que cette région compte 1,1 million d’enfants, l’ampleur de cet autre fléau qu’est le mariage précoce, est flagrante. Toute forme de violence « peut provoquer chez les enfants des problèmes graves et à long terme, des complications en matière de santé physique, sexuelle et psychologique », devait alors souligner le représentant de l’UNICEF. L’existence de structures comme le Centre Vonjy, permet d’améliorer la prise en charge des victimes. Au total, 4147 enfants victimes de violences ont bénéficié de prise en charge complète dans les quatre autres centres Vonjy déjà fonctionnels, dont 1082 en 2019. Bientôt, après celui de Toliara, un sixième Centre Vonjy, est déjà mis en place à Tolagnaro.

Hanitra R.

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