Ils se sont taillés de places importantes dans le régime de Hery Rajaonarimampianina. Ils y ont fait la pluie et le bon temps. Maintenant, la justice et l’administration sont à leurs trousses pour traquer des malversations financières, des fraudes douanières, des arriérés fiscaux, des marchés douteux. Pour certains, on parle de chasse aux sorcières, d’autres soutiennent que leur embrouilles judiciaires n’ont rien à voir avec la politique.
A peine ont-ils quitté le pouvoir qu’ils devront passer un à un devant la barre pour répondre aux accusations qui pèsent sur leurs épaules. Hugues Ratsiferana, ancien bras droit de Hery Rajaonarimampianina, est passé par cette étape avant ses autres compagnons politiques. Suite à une affaire de déménagement illicite de matériels du bureau des membres du cabinet de la Présidence de la République, cet ancien pilote de ligne, reconverti en homme politique sous l’ancien régime, a écopé, en février 2019, d’un an d’emprisonnement ferme et d’une amende de 5 millions d’ariary. Depuis, il est réduit au silence et disparaît de la scène politique.
Mais l’affaire Ratsiferana a ouvert la voie à une série d’embrouilles judiciaires qui concernent des figures politiques du régime Rajaonarimampianina. L’autre conseiller spécial de l’ancien président, Mbola Rajaonah, lui aussi, devra aussi affronter la justice. Arrêté dans des conditions controversées juste un mois après le départ de Hery Rajaonarimampianina, en février 2019, ce jeune homme d’affaires est toujours sous les verrous. Il devrait répondre à la justice sur plusieurs dossiers qui l’incriminent. Les premiers éléments fournis par les autorités sont liés à des fraudes douanières relatives à des sociétés lui appartenant. Récemment, on a annoncé une saisie de ses biens. Il risque alors de connaître le même sort que Claudine Razaimamonjy, une autre figure du régime HVM. Les biens de cet opérateur économique originaire de la région Betsileo vient d’être mis en vente aux enchères publiques. L’administration fiscale reproche à cette dernière d’avoir dissimulé une somme astronomique d’arriérés fiscaux.
Récemment aussi, la publication du nom de Jean Ravelonarivo dans l’affaire de détournement de fonds au sein de la Caisse nationale de Prévoyance Sociale rallonge la liste des anciens barons du régime HVM qui devront répondre à la justice depuis qu’ils ont quitté le pouvoir. Cet ancien Premier ministre de Hery Rajaonarimampianina, militaire de carrière et homme d’affaires connu dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, est mis sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’enquête sur un marché de plusieurs milliards d’ariary concernant la construction d’un hôtel cinq étoiles dans le complexe de loisirs et de sports de la CNaPS à Vontovorona.
Ces anciens barons du régime HVM sont poursuivis par la justice sur des dossiers qui pourraient leur faire perdre leur liberté pendant plusieurs années en cas de culpabilité prononcée par les juridictions compétentes. D’autres, par contre, restent insaisissables. Comme l’ancien ministre des Mines et du Pétrole, Henry Rabary-Njaka. Ce dernier, qui vit actuellement à l’étranger, est concerné par une enquête du bureau indépendant anti-corruption. Des agents de cette entité ont déjà fait une descente, en février 2019, au domicile de cet ancien secrétaire général du parti HVM.
Depuis que ces affaires qui incriminent les anciens proches collaborateurs de l’ancien président ont été portées sur la place publique, on parle beaucoup de harcèlements qui vise particulièrement le parti HVM dans sa généralité. Ces harcèlements sont décriés par Rivo Rakotovao, coordonnateur du parti et non moins président du Sénat, qui, lui aussi, affirme être une autre victime. La semaine dernière, l’Etat-major général de l’armée vient de lui arracher les armes et munitions mises à disposition de la sécurité du Sénat. Le président du Sénat pourrait ainsi finir son mandat à Anosikely sans la protection armée des forces de sécurité, contrairement aux autres chefs d’institution qui roulent sous bonne escorte policière et protégés par des gardes armées. Rivo Rakotovao accuse le coup et soutient qu’il s’agit d’un harcèlement du régime qui ne supporte pas, visiblement, ses points de vue très critiques de la conjoncture.
Rija R.