Le gouvernement Kolo Roger peut pousser un ouf de soulagement. Les députés qui ont concocté une motion de censure n’ont pas atteint leur objectif. La clôture de la session ordinaire a mis un terme à leur projet. Il leur faudra attendre la prochaine pour porter un coup décisif au gouvernement. Les députés n’ont pas grogné que pour leurs salaires et leurs avantages. Certains d’entre eux sont déçus par la lenteur du gouvernement et veulent le renverser. D’autres sont lassés d’attendre des actions spectaculaires et significatives de sa part. Au bout du compte, l’idée de changement ou de remaniement est dans l’air alors que le gouvernement Kolo Roger n’est sur pied que depuis trois mois.
Toujours les mêmes enjeux
La question politique figure parmi les obstacles majeurs qui empêchent le gouvernement de surmonter les difficultés actuelles. Le pouvoir donne l’impression de patauger dans le choix de ses orientations politiques. Son cœur n’a pas encore tranché entre Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana au point de nécessiter la création du parti HVM. Le Mapar bien que divisé entre pour et contre Hery Rajaoanarimampianina possède son aile dure et ses médias qui tirent sur le pouvoir à boulets rouges. A l’origine du comportement, les divergences profondes sur la présidence de l’assemblée nationale et sur le rejet du Premier ministre que le Mapar a proposé. La nomination du Premier ministre Kolo Roger, résultat d’un compromis favorable n’a pas apparemment comblé le fossé qui sépare. La mouvance Ravalomanana, de son côté, ne nage pas non plus dans le bonheur. Elle n’a pas obtenu la part qu’elle a espérée dans la répartition des portefeuilles gouvernementaux. Mais demeurant fidèle au soutien que la mouvance et son chef ont apporté au nouveau président de la République, elle patiente sans éteindre le feu de l’espoir qui couve à Magro pour le retour de Marc Ravalomanana. Dans le gouvernement, le ministre de l’Industrie le Dr Jules Etienne se montre favorable à la réouverture et à l’indemnisation des sociétés Tiko. La présence de ces deux camps politiques rivaux permet aux dirigeants de jouer à l’arbitre sur le terrain tout en renforçant une nouvelle base politique sur l’ensemble du pays. Mais une chose est sûre, les enjeux n’ont pas changé. Ils reposent sur des compromis politiques fragiles entre des politiciens versatiles. Ils reflètent les positions politiques stratégiques nuancées des puissantes nations amies. Il faut se rendre à l’évidence que les priorités de la France ne sont pas forcément celles des Etats-Unis, même si leurs voix s’unissent au sein de la communauté internationale sur le cas de Madagascar. Les semaines à venir nous éclaireront davantage sur cette situation politique chaotique.
Zo Rakotoseheno