La Grande île est actuellement en pleine saison estivale, une période durant laquelle les tendances sont tributaires des précipitations et des températures, et lors de laquelle le pays risque d’être frappé par des cyclones. Les prévisions de la saison cyclonique 2019-2020 font d’ailleurs savoir que deux à quatre perturbations pourraient concerner Madagascar et une à deux d’entre elles pourraient y toucher terre. La situation géographique de la Grande île explique de telles prévisions. Situé dans l’Océan indien, une partie du monde considérée comme étant un terrain de jeu des cyclones dans l’hémisphère sud, Madagascar, de par son état insulaire, risque chaque année d’être frappé par les cyclones. Si les prévisions avertissent sur ce qu’il faut faire pour éviter le pire, les récentes précipitations qui ont touché le pays renvoient en arrière et refont penser aux marques indélébiles laissées par des puissants cyclones ces dix dernières années.
En bonus, Gafilo portait bien son nom
Classé au 7ème rang du système tropical et troisième cyclone de la saison 2003-2004, Gafilo marqua les esprits et renvoya la pensée des Malgaches vingt ans auparavant après le passage du très puissant cyclone Géralda. En digne petit frère, Gafilo avait à peu près la même puissance que son aîné et faisait des ravages importants dans la Grande île. Sa particularité résidait dans le temps qu’il a passé dans le bassin sud-ouest de l’Océan indien, soit un peu moins de vingt jours à faire le malheur de Madagascar et de ses îles voisines avec des vents de plus de 330 km/h. Un bilan humain lourd a été laissé par le système. Plus de 230 personnes ont perdu la vie et les coûts estimatifs des dégâts engendrés à Madagascar s’élèveraient à 240 millions d’euros.
Le Sud dévasté par Haruna
Avec des vents de 150 et 200 km/h, Haruna a touché terre dans le Sud-Ouest de la Grande île le 22 février 2013. Premier cyclone de la saison, ce système a frappé de plein fouet cette partie du pays avec des vents violents accompagnés de fortes précipitations. Ayant traversé le pays et touchant particulièrement les districts de Morombe, Toliara I et II, Sakaraha et Betioky, Haruna a provoqué d’importants dégâts matériels, pour ne citer que la destruction de milliers de cases, de nombreuses infrastructures comme des écoles, des bureaux administratifs, des infrastructures routières…La rupture d’une digue à Toliara a également été l’un des faits les plus marquants suite au passage de ce cyclone. Plusieurs quartiers de la ville qui ne dort jamais ont été sous les eaux. Les autorités locales ont décidé de procéder à une évacuation de masse de la population.
Le bilan humain, quant à lui, était également considérable. Rien que pour le Sud de Madagascar, les chiffres publiés par le Bureau national de gestion des risques et catastrophes (BNGRC) faisaient état de 26 morts, 16 disparus, 127 blessés et plus de 40 154 sans-abri.
Enawo le terrible
Formé dans l’Océan indien, le cyclone Enawo a frappé le 7 mars à la mi-journée les côtes nord-est de Madagascar, dans la région d’Antalaha, accompagné de pluies diluviennes et de vents soufflant en rafales jusqu’à 290 km/h. Classé cyclone de catégorie 4, il a pénétré les côtes de la partie nord-est de Madagascar du côté d’Antalaha. Le dernier bilan communiqué par le BNGRC fait état de 81 morts, 18 disparus, 250 blessés et 424 801 sinistrés. La région d’Atsinanana est la plus touchée avec 34 décès. 16 régions ont été concernées par ce cyclone tropical intense et seulement 6 n’enregistrent pas de pertes en vies humaines. En termes de sinistrés et de dommage sur les infrastructures, c’est la région Sava qui a été la plus lourdement impactée avec 236 456 sinistrés, 335 écoles endommagées et 17 formations sanitaires touchées. Le dernier cyclone à avoir durement frappé le nord-est de Madagascar est Indiala en mars 2007.
Enawo a provoqué de fortes précipitations sur son trajet, traversant la Grande île du nord au sud. Du côté de la capitale malgache, les rivières en crue ont provoqué des inondations importantes. Les champs de rizières ont été durement touchés; ce qui laisse craindre des risques de pénurie en riz. Comme toujours, après de forts épisodes pluvieux, les risques de glissement de terrain augmentent sur les hauteurs d’Antananarivo. C’est encore le cas sur la colline de Manjakamiadana ou plusieurs habitations risquent de s’effondrer ou d’être victimes d’éboulement plus d’une semaine après Enawo. Par mesure de précaution, les habitants concernés par ce risque ont été évacués de leurs logements.
Quand Ava faisait…..sa diva
Le bilan du cyclone Ava à Madagascar s’élève à 51 morts. Le cyclone Ava a traversé l’île de l’Océan indien les 5 et 6 janvier, frappant sa côte orientale avec des vents atteignant 190 km/h.
Ce système a fait 22 disparus et forcé 54 000 personnes à quitter leurs domiciles. Les vents violents et les pluies diluviennes ont fait déborder de nombreux cours d’eau de l’Est de la Grande île et ont provoqué d’importantes inondations, notamment à Tamatave et dans les bas-quartiers d’Antananarivo.
Eliakim
Qualifié de tempête tropicale, Eliakim a atterri le 16 mars 2018 sur la péninsule de Masoala, dans le nord-est du pays, soit deux mois seulement après le passage d’Ava. Ce système est resté stationnaire pendant exactement 6 heures. Les fortes pluies et vents violents qui l’ont accompagné ont sévi dans la partie nord du pays.
Outre la montée des eaux, la destruction des infrastructures routières a également été importante après le passage de la tempête tropicale Eliakim. Des glissements de terrains ont, par exemple, entraîné la coupure de la route nationale numéro 2 reliant Antananarivo et Toamasina. D’autres dégâts comme des routes emportées ou inondées ont également été signalés. Par ailleurs, les régions nord-ouest et Est du pays ont particulièrement été les plus touchées par les pluies torrentielles.
Le dernier bilan fait état de 21 décès, 38 302 sinistrés, 15 308 personnes déplacées, 562 habitations endommagées, 7 596 cases d’habitation inondées et 1 229 maisons détruites.
En 2020, Madagascar continue de panser les plaies laissées par plus d’une quarantaine de cyclones. Les dégâts s’accumulent tout comme les pertes économiques engendrées par chaque passage de cyclone. Les catastrophes naturelles ne sont toutefois pas une fatalité. L’exemple Japonais en est une preuve tangible. Les observateurs de la vie publique avancent l’idée de renforcer le système de « prévention des risques » – dans le vrai sens du terme – au lieu de trop se focaliser sur les réponses post-catastrophes.
Dossier réalisé par José Belalahy