
L’impulsion du Plan d’Emergence du président Andry Rajoelina peut transformer le pays, uniquement si l’on offre les gages nécessaires pour créer les meilleures conditions d’un flux massif d’investissements à vocation exportatrice, selon l’économiste.
Madagascar est-il un pays émergent ? Selon l’économiste Jonah Andrianantoanina, les pays actuellement appelés « émergents » ont connu des transformations politiques et économiques d’une ampleur exceptionnelle. Ils le sont à la fois par une politique volontariste de l’Etat et un flux massif d’investissements à vocation exportatrice, créateurs à la fois de richesses et d’emplois par lesquels le niveau de vie de la population a fortement augmenté, stimulant le cycle vertueux de la consommation et de la production. En effet, tous les pays émergents ont connu le passage entre un modèle de développement économique conduit par l’Etat, tourné vers l’intérieur, et un autre modèle mettant l’accent sur le marché, la propriété privée et une grande ouverture au commerce extérieur et à l’investissement étranger. Selon Jonah Andrianantoanina, l’Etat reste l’acteur essentiel dans l’émergence de certains pays en voie de développement. Il a été successivement et, parfois, en même temps planificateur et dirigiste, développeur et protecteur, libéral et régulateur.
Signaux. « Ces derniers temps, les signaux que Madagascar fait parvenir à la communauté des investisseurs sérieux risquent d’être perçus comme dissuasifs autant dans la forme, le ton que le timing. L’exemple le plus édifiant est la législation minière, frappée d’une instabilité chronique et menacée d’incertitudes interminables dues à des volontés de modification à chaque changement de régime. Tous les pays émergents le sont parce qu’ils ont su convaincre les investisseurs sérieux et les plus grands de venir chez eux, et ont su les rassurer. Ils ont su créer des unités industrielles de transformation. En ce sens, une attention particulière devrait être portée à ces signaux qui peuvent réduire l’attractivité de Madagascar en tant que destination d’investissements. Les récents classements de la Coface sont déjà un acquis important. Longtemps, notre pays s’est enfoncé dans la catégorie D des pays très risqués, autant dire un feu rouge pour des investissements d’envergure et l’espoir d’un flux de tendance », a soutenu l’économiste. Pour une fois que notre classement s’améliore, selon Jonah Andrianantoanina, Madagascar doit profiter de cette dynamique afin de pouvoir envoyer de plus en plus de signaux positifs. « L’enjeu de l’émergence est énorme, l’opportunité et la dynamique sont sans précédent. Nous devons absolument donner des gages nécessaires pour faire de Madagascar un autre ‘atelier du monde’ dans les secteurs d’activités où nous excellons avec clairvoyance et constance, et faire venir les investissements nécessaires », a-t-il conseillé. L’Ethiopie est en train de devenir l’atelier textile du monde, voyant s’ouvrir sur son territoire un nombre croissant d’usines textiles de grandes marques provenant de la Chine, du Bangladesh et des pays devenus moins compétitifs et plus chers. Madagascar peut également espérer une telle dynamique…
Antsa R.