100 millions de dollars de la Banque mondiale, dans le cadre d’un prêt-programme approuvé le 26 mars 2020, seront à investir dans le capital humain à Madagascar. Un financement destiné à l’amélioration des ressources humaines dans les secteurs de la santé et de l’éducation dans le pays. Ce, tout en permettant de garantir la disponibilité des ressources budgétaires des secteurs sociaux et de renforcer la protection juridique des femmes et des enfants. Cette enveloppe représente la première d’une série de deux opérations. « Selon l’indice du capital humain établi par la Banque mondiale, un enfant né à Madagascar aujourd’hui n’atteindra que 37% du potentiel productif qu’il aurait obtenu s’il avait bénéficié d’une instruction complète et de soins de santé adaptés. Entre 2012 et 2017, l’indice de capital humain de Madagascar est passé de 0,39 à 0,37, le plaçant en dessous des moyennes d’Afrique subsaharienne », informe la Banque mondiale.
Mauvaises performances. Cette situation se manifeste notamment dans les performances scolaires, et le développement physique et intellectuel des enfants. Les enfants malgaches peuvent espérer terminer 7,5 années de scolarité, soit à peine jusqu’au niveau collège, lorsqu’ils auront atteint en moyenne 18 ans. En tenant compte de la qualité d’apprentissage, ce chiffre ne sera que de 4,2 ans, donc quatre années de primaire. De plus, le développement physique et intellectuel des enfants se retrouve compromis par le problème de malnutrition, à l’origine du retard de croissance. Faut-il rappeler que Madagascar figure parmi les quatre pays ayant le taux de retard de croissance le plus élevé (42%) chez les enfants de moins de cinq ans. Par ailleurs, le système de protection sociale malgache, très récent et encore sous-financé, ne touche actuellement que 5% des personnes extrêmement pauvres. « La plus grande richesse de Madagascar, c’est sa population. Pour cette raison, le gouvernement a exprimé sa forte volonté de faire avancer les réformes en faveur de son capital humain en les incluant dans son Plan Émergence. Cet appui budgétaire vise à inverser la tendance inquiétante en matière de pauvreté », a déclaré Marie-Chantal Uwanyiligira, responsable des opérations de la Banque mondiale pour Madagascar.
Trois volets. Concrètement, l’opération s’articule autour de trois volets. D’une part, l’amélioration des compétences, de la performance et de la répartition géographique des ressources humaines dans les secteurs de l’éducation et de la santé. D’autre part, l’amélioration de la transparence et de la prévoyance des investissements dans le capital humain ; et enfin, le renforcement des cadres juridiques pour la protection des femmes et des enfants. « Certaines actions ont déjà commencé, notamment l’approbation de normes pour la profession enseignante et le déploiement de mesures pour contrôler la qualité du recrutement des enseignants communautaires et renforcer la formation initiale des agents de santé », indique la Banque mondiale. Par ailleurs, un guichet unique d’accès à la fonction publique a été créé pour améliorer la gestion des ressources humaines dans l’ensemble de la fonction publique, permettant ainsi de rationaliser le système afin de réduire de manière significative les mauvaises affectations de fonctionnaires, et s’assurer qu’ils soient déployés en fonction des besoins. Par ailleurs, cette opération permettra de mieux gérer les ressources financières affectées aux secteurs sociaux afin de fournir des filets de protection sociale à 30 000 ménages supplémentaires, et de rendre l’exécution du budget plus transparente, conformément aux principes du Libre accès aux données budgétaires publiques.
Hanitra R.