Professeur de philosophie et membre respecté du parti politique MFM, William Randriamahaleo a été arrêté chez lui par la gendarmerie, jeudi dernier. Ce dernier a passé la nuit dans les locaux de la brigade spéciale au Toby Ratsimandrava. Aussitôt son enquête préliminaire close, le philosophe a été présenté au Parquet vendredi. Sur place, on a appris qu’il était poursuivi pour délit d’opinion, un motif lié à une publication Facebook concernant son avis sur le coronavirus. En milieu d’après-midi, William Randriamahaleo a pu rejoindre sa famille après l’annonce d’une liberté provisoire par le ministère public. Son cas n’est pas isolé. Certaines sources proches du régime avancent une quinzaine de dossiers qui sont actuellement en cours d’instruction. Ces personnes sont des activistes sur les réseaux sociaux et ont une opinion qui ne plairait pas au régime qui les taxe rapidement de fomentateur/trice de troubles, de diffuser de fausses nouvelles ou encore de délit d’opinion. Pour les deux premiers types d’accusation, on aura compris que le pays a besoin d’une trêve et qu’il appartient à tout un chacun de respecter le calme et la sérénité publique. Mais le délit d’opinion reste incompris pour les observateurs de la vie publique. Les citoyens doivent-ils suivre l’idéologie officielle et la politique instaurée par l’État, doit-t-on se demander. « Il est vrai qu’on traverse une période de crise, mais imposer une pensée ne sera jamais une pratique appropriée dans une société démocratique comme la nôtre. On commence à piétiner le droit fondamental des citoyens », selon un analyste politique qui suit de près l’actualité du pays. De leur côté, les membres du parti politique MFM ont rapidement relayé via Facebook les nouvelles sur William Randriamahaleo afin d’alerter l’opinion publique. Plus de peur que de mal pour eux lorsqu’ils ont appris que le concerné a bénéficié d’une liberté provisoire. L’utilisation des réseaux sociaux devient dangereuse et l’État n’a pas caché sa volonté de répression. Les avis restent divisés sur cette mesure de restriction mais dans tous les cas, un retour en arrière en matière de liberté d’expression est logique.
D.R